universel » : Quid possit oriri, Quid nequeat, finita potestas denique cuique. Ces deux principes, à leur tour, en entraînent un troisième. Où nos prédécesseurs se flattaient de saisir la réalité absolue, nous n’apercevons plus que des signes liés entre eux par des lois nécessaires, et ces signes sont pour nous les symboles de la réalité inconnue. Telle la formule algébrique d’une courbe, par exemple de la parabole, est l’expression de cette courbe ; la courbe, à son tour, exprime les mouvemens réels ou possibles d’un mobile, par exemple d’un boulet de canon ; les mouvemens mêmes expriment les forces cachées qui en sont les causes insaisissables. Telle encore la ligne décrite par le sphygmographe, qui rend visible sur le papier le pouls d’un malade, traduit aux yeux du médecin les phases de la fièvre, l’élévation ou l’abaissement successif de la température et, pour ainsi dire, les orages intérieurs qui précipitent ou ralentissent le cours de la vie. Si tout ce que nous connaissons est relatif, tout est symbolique. De même, si tout se tient et s’enchaîne nécessairement selon les lois du déterminisme universel, chaque chose devient par cela même l’expression de toutes les autres qui la déterminent ; un regard assez profond pourrait donc, dans une seule ligne de ce grand poème, l’univers, lire en raccourci le poème entier. Ainsi la relativité universelle et le déterminisme universel ont pour conséquence « l’universel symbolisme. »
Cet esprit de la philosophie moderne, portez-le dans l’étude des religions : elles vous apparaîtront comme un ensemble de symboles par lesquels l’homme s’efforce de traduire pour l’imagination le mystère éternel de nos destinées. Au prêtre qui, dans l’enthousiasme de sa foi, s’écrie : « Voilà la vérité absolue, » le métaphysicien répond : « Votre religion n’est qu’une figure grossière de la vérité : ce ne sont point seulement vos rites et vos pratiques extérieures, ce sont vos dogmes mêmes qui sont de pures images, des mythes inconsciens. » Quand le métaphysicien, à son tour, essaie de formuler ce que Platon appelle la chose en soi, Kant le noumène, Hamilton et M. Spencer l’inconnaissable, le savant peut lui dire : « Votre prétendue science de l’être n’atteint encore que le paraître, et vos formules ne ressemblent pas plus à la réalité que le mot homme ne ressemble à un homme ; vous vous flattez, comme le prisonnier de la caverne, de pouvoir vous retourner vers la lumière et raisonner sur les réalités, quand vous ne contemplez toujours que des ombres et ne raisonnez que sur des ombres : vos systèmes métaphysiques sont des dogmes plus abstraits, qui s’adressent moins à l’imagination et au sentiment qu’au raisonnement : ce sont les mythes de la pensée. » Mais que le savant prétende, lui aussi, donner ses formules comme l’expression de la réalité positive, on