Cette forme caractéristique de la tête différencie la race asiatique des races indigènes d’Europe, dont les types primitifs se trouvent dans les fossiles des terrains antérieurs à notre époque géologique.
Les chevaux d’Orient ont émigré sur notre continent à une date très ancienne. La science moderne admet que, dans les temps préhistoriques les plus reculés, des peuples qu’elle désigne sous le nom d’Aryas ont été chassés des hauts plateaux de l’Asie, par des changemens de climat, et qu’ils sont venus se fixer en Europe pour y servir de souche à la population actuelle. La présence de chevaux d’origine évidemment asiatique, existant en certains lieux bien avant l’introduction moderne du sang oriental, serait la confirmation de ces émigrations humaines auxquelles l’utile animal dut être d’un puissant secours. Ainsi, il existe en Bretagne des poneys au front large, très différens d’une plus grande race du même pays, qui résulte d’étalons asiatiques importés ultérieurement. Ces petits chevaux datent, sans nul doute, de la venue des Aryas qui ont apporté le froment, les métaux, les étoffes, l’architecture, à nos premiers pères vivant dans des cavernes, dépourvus d’animaux domestiques, munis de quelques silex aiguisés pour tout outil, se repaissant de chasse comme les fauves. Ces poneys courant les landes, la crinière au vent, voilà les témoins de l’aurore de la civilisation en Europe. Les migrations des Aryas, ces premiers dompteurs de chevaux, ont ensuite répandu le noble animal en Syrie, puis en Arabie, où il a seulement pénétré depuis les temps historiques. C’est dans ce dernier pays que, sous l’influence favorable du climat et des soins de l’homme, le cheval oriental s’est élevé au plus haut degré de supériorité.
Nourri de fourrages peu copieux mais très substantiels, vivant sous un ciel sec et sur un sol calcaire, le cheval arabe a été préservé de ramollissement qu’engendre l’humidité excessive. La poitrine, ce foyer de la vie dans lequel le sang s’imprègne d’air pour répandre la chaleur dans tout l’organisme, la poitrine atteint chez lui un développement considérable. Dans les tièdes régions du soleil, respirer est une jouissance, alors que, dans les pays du froid, aspirer l’air, c’est souffrir. En rejetant l’épaule du cheval en arrière, cette dilatation du poitrail a donné aux membres les formes les plus convenables pour la souplesse et l’étendue des mouvemens. Tous les leviers du squelette sont ainsi disposés sous les angles produisant les plus puissans déplacemens du corps. Il en résulte la plus grande vitesse avec la moindre usure des muscles. Affranchi de l’alourdissant labeur du collier et consacré aux seuls exercices de la guerre, l’animal a été habitué de longue date à d’énergiques et persistans efforts, pour atteindre l’ennemi ou pour échapper à ses coups.