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homme de qualité, très vaillant, criblé de blessures, cachant sous une humeur joyeuse un caractère assez jaloux et un esprit étroit ; c’était un officier de cavalerie, appelé à exercer après Gassion le commandement le plus important de cette arme ; plus tard, il fut créé duc et pair et reçut le bâton[1]. Les autres maréchaux de camp désignés ne parurent pas sur le terrain pendant la première partie de la campagne. Les fonctions de maréchal de bataille étaient dévolues à Laurent de La Baume-Leblanc, sieur de La Vallière ; lieutenant au gouvernement d’Amboise, peu assidu, plus instruit en théorie qu’en pratique[2]. Parmi les sergens de bataille qui l’assistaient, remarquons Bellenave, officier d’un vrai mérite que nous verrons tuer à Nordlingen.

Les « aides-de-camp » et « volontaires » nommés ou autorisés par le roi rejoignent successivement Amiens. Bientôt le duc d’Anguien est entouré d’un brillant essaim de jeunes gens dont son coup d’œil précoce a distingué le mérite ou que des liens de famille, des relations de société ont désignés à son choix. On les appellera plus tard u les petits-maîtres ; » ils seront les appuis de sa grandeur et les compagnons de ses diverses fortunes ; nous retrouverons leurs noms à mainte page de cette histoire. Voici le chevalier de Chabot[3] et le fils de Mme de Sablé, Bois-Dauphin[4] ;

  1. Henri de Saint-Nectaire (on écrit aussi Senneterre), marquis, puis duc de La Ferté. Il était gros et en plaisantait volontiers. Premier capitaine au régiment du comte de Soissons, lorsqu’il reçut, devant Privas, en 1629, un coup de mousquet au visage ; depuis lors, il porta un emplâtre noir sur sa face réjouie. Capitaine de chevau-légers à Casal et à la bataille d’Avein ; mestre de camp de cavalerie en 1638 ; nommé maréchal de camp sur la brèche de Hesdin en 1639. Blessé d’un coup de fauconneau devant Chimay en 1640, il charge, la cuisse enveloppée et attachée sur l’arçon ; il avait encore d’autres blessures. A Rocroy, il reçut deux coups d’épée et deux coups de pistolet, en 1650 un coup de mousquet a la gorge dont il faillit mourir. Lieutenant-général en 1646, maréchal de France en 1651, duc et pair en 1665, il mourut en 1681.
  2. C’est le père de la duchesse de La Vallière. Il était né le 25 juin 1611, et s’était bien conduit à Bray, Avein et Sedan. Son frère cadet, François, auteur des Pratiques et Maximes de guerre, fut tué devant Lérida en 1647 ; nous en parlerons plus loin. Il eut encore deux autres frères tués au service.
  3. Chabot (Guy Aldonce, chevalier de), frère puîné de Henri de Chabot, duc de Rohan en 1645, maréchal de camp en 1641 ; il mourut de ses blessures devant Dunkerque en 1646.
  4. Bois-Dauphin (Guy de Montmorency-Laval-Bois-Dauphin, marquis de Laval), « un des plus beaux gentilshommes de France et des mieux faits. » (Tallemant) Volontaire en 1639, capitaine dans a la Marine, » aide-de-camp le 31 mars 1643, sergent de bataille, puis maréchal de camp en 1646, et, comme le précédent, tué la même année devant Dunkerque.