chercher le repos mental au sein de l’église romaine ; William-Henry Channing, un neveu du fondateur de l’unitarisme, qui se fit au loin le missionnaire du nouvel évangile ; le futur colonel d’un régiment nègre dans la guerre de sécession, T. W. Higginson, qui représentait les tendances pratiques du mouvement, comme Samuel Johnson en personnifiait l’individualisme extrême, enfin C. A. Bartol, Furness, John Weiss, Pierpont, Noyes, et surtout Théodore Parker, l’apôtre et le prophète du transcendantalisme.
D’autre part, la fraction conservatrice de l’unitarisme avait pris l’alarme, et il se trouva des unitaires pour demander si on devait encore traiter Emerson de chrétien, absolument comme vingt ans plus tôt on avait agité la question de savoir s’ils appartenaient eux-mêmes au christianisme ou « à la religion de Boston. » Ce fut pis encore lorsqu’en 1841 Théodore Parker prononça à une cérémonie d’ordination, dans l’église unitaire de South Boston, son sermon sur l’élement transitoire et l’élément permanent du christianisme. L’élément permanent, c’étaient les grandes vertus religieuses et morales que Jésus, « ce type parfait de l’homme religieux, » avait puisées dans sa conscience en les vivifiant par son amour de l’humanité. L’élément passager, c’étaient les rites et les doctrines du christianisme, y compris la croyance que la Bible renfermait une révélation spéciale et que la nature de Christ était unique dans l’histoire. Suivant M. W. Cannett, cette thèse eut autant de retentissement que le fameux sermon de Channing prononcé à Baltimore vingt-deux années auparavant. Cette fois, on ne demanda plus si l’auteur était encore chrétien ; on le traita d’impie, de blasphémateur, d’athée ! L’Association des prédicateurs de Boston discuta si elle ne pouvait l’expulser de ses rangs. Comme les statuts s’y opposaient, on fit une démarche officieuse pour lui demander sa démission : « Je le regrette beaucoup pour l’association, répondit-il ; mais je ne puis prendre sur mes épaules l’onus damnandi. Ce serait avouer qu’il existe de bonnes raisons pour que je me retire… On m’a identifié, dans une certaine mesure, avec la liberté en matière religieuse. »
Certains membres songèrent alors à une dissolution de la société qui lui eût permis de se reconstituer sans l’auteur de tout ce scandale. Mais la voix de la modération prévalut, grâce aux sympathies plus ou moins avouées que Parker avait conservées parmi les ministres de la jeune génération et peut-être aussi à l’intervention d’Ezra Stiles Gannett, qui, bien qu’appartenant lui-même à la fraction conservatrice, avait une vive estime pour le caractère franc et loyal de son collègue. « Il n’entre pas dans nos vues, rappelait-il aux plus exaltés, de formuler des censures ecclésiastiques. Nous avons accepté, ou du moins nous avons dit que nous acceptions le