cas similaires frappent l’esprit davantage et par là peuvent le tromper, qu’en tout cas l’hérédité constitue une tendance plus ou moins énergique, mais qu’elle ne constitue que rarement une fatalité positive. Assurément il ne viendra à l’esprit de personne de nier la part de déterminisme que peut contenir l’hérédité ; mais il importe de ne pas l’exagérer, il la faut enfermer dans certaines limites, il convient de lui retirer une partie des domaines qu’on lui a trop libéralement cédés.
A plus forte raison, ce que nous disons des phénomènes mixtes s’applique à la psychologie proprement dite. Il se produit là comme un affranchissement graduel de notre nature propre, de plus en plus indépendante de l’organisme et de la nature physique. M. Ribot pose en ces termes, que nous acceptons volontiers, le problème de l’hérédité dans cet ordre de phénomènes : « Les modes supérieurs de l’intelligence sont-ils transmissibles comme les modes inférieurs ? Nos facultés d’abstraire, de juger, d’inventer, sont-elles régies par l’hérédité, comme nos facultés perceptives ou comme les formes morbides de l’esprit ? .. Décomposer l’activité intellectuelle en opérations élémentaires (imagination, jugement, raison), comme le fait la psychologie analytique, et rechercher si chacune de ces formes est transmissible par l’hérédité, c’est poser la question sous une forme artificielle, souvent inacceptable. La nature des choses nous impose une autre méthode. Tout mode d’activité intellectuelle, quel qu’il soit, aboutit à un effet, à un résultat, trivial ou relevé, vulgaire ou insolite, théorique ou pratique ; il se traduit par une création artistique ou industrielle, une œuvre scientifique ou simplement un acte de la vie ordinaire. Ces résultats, qui sont la forme concrète, et pour ainsi dire palpable de l’activité mentale, peuvent seuls servir de point d’appui à notre recherche. » La question traduite dans le langage de tout le monde se réduit donc à savoir si le génie, le talent, la finesse, les aptitudes extraordinaires à l’art, à la science, à l’action, ou même les tours particuliers d’esprit, les manières singulières de penser ou de sentir, sont héréditaires et dans quelle. mesure ? M. Galton ne s’est occupé dans sa célèbre monographie que de l’Hérédité du génie[1] ; c’est à un point de vue plus restreint encore que M. Alphonse de Candolle, dans sa très curieuse Histoire des sciences et des savans depuis deux siècles[2], a examiné ce problème.
M. Galton déroule devant nous de vastes tableaux de familles où l’on nous assure que les dons de l’invention et de l’art sont héréditaires. M. Ribot nous avertit, en les reproduisant, qu’ils ne