d’embrasser une profession bien rétribuée, mais ne saurait faire disparaître les professions qui ne le sont pas. Mieux vaut assurément avoir l’instruction nécessaire pour être maçon que demeurer toute sa vie gâcheur de plâtre. Mais lors même qu’un coup de baguette magique donnerait à tous les gâcheurs de plâtre les connaissances et les aptitudes nécessaires pour être maçon, il n’en faudra pas moins toujours des gâcheurs de plâtre. L’observation est assurément plus théorique que pratique et ne doit décourager aucun des efforts qu’on fait pour répandre l’enseignement professionnel ; encore faut-il cependant que ces efforts soient bien dirigés. Ce qui a contribué en grande partie à avilir les salaires dans les métiers de couturière et de lingère, c’est que l’instruction professionnelle nécessaire pour exercer ces deux métiers a été distribuée à un trop grand nombre de jeunes filles. Ici la généralisation de l’enseignement professionnel a fait plus de mal que de bien, et il aurait infiniment mieux valu former tout simplement des servantes et des cuisinières. Mais de tous les remèdes à l’insuffisance des salaires, la diffusion de l’enseignement professionnel sera longtemps le meilleur. Il ne faut pas toutefois se dissimuler que ce remède n’est pas à la portée de tout le monde et que les moins bien doués, les moins intelligens n’en pourront jamais profiter.
De tous ces faits accumulés tirons maintenant une conclusion. Assurément on ne saurait dire qu’à Paris l’insuffisance des salaires soit une cause de misère générale et permanente. Nous avons vu que, dans la grande majorité des professions exercées par les hommes, les salaires s’élèvent notablement au-dessus du minimum nécessaire à la subsistance, et que même, dans les professions les moins favorisées, à d’assez rares exceptions près, le salaire dépasse un peu ce minimum. Mais nous avons cependant constaté qu’il n’en est pas de même pour les professions exercées par les femmes ; que, dans ces professions, les salaires élevés sont l’exception, les salaires faibles la règle, et que la majorité des femmes gagne à peine de quoi suffire strictement aux besoins de leur vie ; de telle sorte que la fameuse loi d’airain, pure déclamation lorsqu’il s’agit des hommes, pourrait bien avoir une part de vérité lorsqu’il s’agit des femmes, c’est-à-dire de toute une moitié du genre humain. Cherchant ensuite dans la pratique s’il existait quelque remède à cette insuffisance des salaires dans certaines professions, nous avons dû reconnaître qu’il n’y en avait point ou guère : que pour les individus, hommes ou femmes, voués à ces humbles métiers, où le salaire est à peine suffisant pour la subsistance, la grève est un leurre, la coopération une chimère, la participation aux bénéfices un trompe-l’œil, et l’instruction