cependant que les arbres des forêts canariennes couvraient encore la France centrale, les singes s’effacent pour ne plus jamais reparaître.
Le mesopithecus Pentelici, dont M. Gaudry a reconnu à Pikermi jusqu’à vingt-cinq individus, était assez petit ; il avait des membres de macaque avec une tête de semnopithèque. Il marchait à quatre pattes et se nourrissait de bourgeons et de feuillage ; mais le dryopithèque (dryopithecus fontani) de Saint-Gaudens, découvert par M. E. Lartet, avait la taille et présentait les caractères des singes anthropomorphes les plus élevés. Il existait cependant chez lui une différence sensible dans la dimension relative des prémolaires, qui empêche de l’assimiler à l’homme, l’importance de ce caractère étant très marquée en anatomie comparée. M. Gaudry reconnaît la supériorité de cet anthropomorphe fossile qui, dit-il, se rapprochait de l’homme par plusieurs particularités, comme le gorille, dont il retraçait certainement l’apparence. La saillie de ses canines, dépassant beaucoup les autres dents, imprimait sans doute à sa face une physionomie féroce et bestiale, éloignée de celle qui distingue la figure humaine. C’est pourtant à ce même singe que M. Gaudry est tenté d’attribuer les silex, intentionnellement éclatés selon l’abbé Bourgeois, trouvés dans le calcaire de Beauce, à Thenay (Loir-et-Cher), sur l’horizon géognostique de Saint-Gaudens, et que nous apprécierons bientôt. — Le pliopithèque de Sansan (Gers), dont il existe une mâchoire, ressemblait plutôt à un gibbon. Pour retrouver maintenant les analogues du pliopithèque et du dryopithèque de l’Europe miocène, il faut dépasser le tropique du Cancer et atteindre les environs du 12e degré de latitude nord soit en Afrique, soit en Asie. Le retrait est significatif ; il équivaut à plus de 30 degrés et, par conséquent, dans le cas fort probable où le même intervalle aurait autrefois existé entre le périmètre hanté par les anthropomorphes européens et la région natale dans laquelle l’homme aurait été originairement confiné, nous serions reportés à la latitude du Groenland actuel, par 70 ou 75 degrés. C’est là certainement un calcul hypothétique ; il est fondé pourtant sur ce double argument difficile à réfuter, tellement il s’enchaîne, que la séparation des pithéciens en deux groupes, à l’époque où leurs genres ont commencé à se différencier, s’est effectuée dans des régions trop méridionales pour leur permettre de communiquer entre eux, tandis que l’homme a dû avoir son berceau placé bien plus au nord pour avoir la possibilité de diriger simultanément ses premières émigrations dans les deux mondes.
Raisonnons un peu différemment et nous arriverons à une conclusion presque semblable : l’abondance des instrumens taillés à larges éclats, dans les vallées contiguës de la Somme et de la Seine.