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Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 57.djvu/245

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redoutait des livraisons de titres. Les vendeurs ont consenti à reporter, les taux des reports se sont tendus et la spéculation a conservé ses positions à la hausse. Depuis le 2 avril, la rente 5 pour 100 a baissé de 3 francs, et pendant ce temps un déclassement considérable s’est produit, le comptant avant constamment vendu. La spéculation est donc plus chargée qu’il y a un mois et elle subit déjà des pertes énormes. Si la menace des livraisons de titres avait encore une fois pesé sur la place, on pouvait craindre un effondrement. Le bruit s’est répandu samedi que le Crédit foncier allait mettre à la disposition du marché toutes les ressources nécessaires afin que Ce pas difficile soit franchi sans accident, qu’il serait fait aux acheteurs des conditions très modérées de report, et qu’en conséquence aucun étranglement n’était à appréhender. Les cours des fonds publics se sont immédiatement relèves.

Si nous comparons les cotes du milieu du mois à celle d’hier, nous trouvons que les deux 3 pour 100 ont monté de 0 fr. 50, tandis que le 5 pour 100 a fléchi de 2 francs. Il est probable que des oscillations successives augmenteront peu à peu l’écart entre ces deux catégories de titres, soit par une hausse des rentes 3 pour 100, soit parce que, les ventes de portefeuille se continuant le mois prochain, le 5 pour 100 converti tendra à s’établir aux environs de 107 à 108. C’est la première hypothèse qui parait plutôt de voir se réaliser.

Des nouvelles satisfaisantes ont circulé, pendant toute cette quinzaine, au sujet de l’état des négociations engagées entre l’état et les grandes compagnies. Un accord est de plus en plus probable. On dit même que les bases d’un arrangement avec la compagnie Paris-Lyon-Méditerranée ont été établies : légères réductions de tarifs, construction par la compagnie de deux ou trois mille kilomètres des lignes Freycinet, affectation d’une partie des plus-values de recettes nettes, comme gage des emprunts en obligations à émettre.

Si l’on admet que les conventions seront signées et même qu’elles seront adoptées par les chambres, la hausse des actions de nos grandes compagnies devra-t-elle s’ensuivre ? On ne le pense généralement pas ; car les conventions détermineront une immobilisation des dividendes pour de longues années et imposeront aux compagnies des sacrifices, prix de la sécurité que donnera à ces entreprises le nouveau bail passé avec l’état. Seule la compagnie du Midi pourrait voir sa situation s’améliorer sensiblement, au point de vue du dividende, ce qui a valu à ce titre une hausse de 70 francs depuis quinze jours, tandis que nous retrouvons aux mêmes cours, à quelques francs près, les actions du Nord, du Lyon et de l’Orléans.

Les valeurs du Canal de Suez ont subi une baisse importante dans ces deux derniers jours, motivée par la nouvelle que des armateurs anglais et des délégués des chambres de commerce de la