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Cette division par séries aura pour résultat de rendre plus tard toute conversion nouvelle inutile. Si l’on suppose le capital nominal de 7 milliards de la dette 5 pour 100 divisé en quatorze séries de 500 millions de francs chacune, il suffira au ministre appelé à diriger nos finances dans dix années de contracter un emprunt de 500 millions de francs en 3 pour 100 et d’en appliquer le produit au remboursement pur et simple, au pair, c’est-à-dire à 100 fr. pour 100 d’une des quatorze séries, désignée par le sort. La même opération, répétée pour les treize autres séries à des intervalles plus ou moins éloignées, aura, dans un temps déterminé, soit quinze ou vingt ans, entièrement éteint la dette 4 1/2 pour 100 et réalisé au bénéfice des budgets futurs une économie dont le montant dépendra des cours du 3 pour 100 à cette époque, mais qui dépassera de beaucoup, selon toute probabilité, le bénéfice de la conversion actuelle.

Le débat auquel a donné lieu, dans l’une et l’autre chambre, le projet de loi sur la conversion, a été peu intéressant. Tous les systèmes possibles de conversion ont été proposés comme amendemens aux propositions du ministre des finances, puis reconnus impraticables dans les circonstances actuelles et successivement repoussés. L’opposition a cherché vainement à obtenir que les 34 millions que la conversion va permettre d’économiser annuellement fussent employés à dégrever l’agriculture de quelques-unes des charges si lourdes sous lesquelles elle succombe. Le ministre a déclaré nettement que la conversion n’était pas pour le cabinet le point de départ d’une politique financière à vues larges et réformatrices, mais un simple expédient pour équilibrer le budget ordinaire de 1884, auquel il allait manquer justement 34 millions. Malheureusement il manquera bien encore 100 ou 150 millions à ce budget, même après la conversion, et cette opération, qui a causé un si vif émoi sur le marché financier et provoquera de profonds et durables mécontentemens dans la masse des petits capitalistes porteurs d’inscriptions de rente, devrait être sévèrement jugée s’il ne fallait la considérer qu’au point de vue du soulagement précaire qu’elle assure à un budget qui est et restera en déficit.

Il a été fait bien des calculs pour établir la parité entre le 3 pour 100 et la nouvelle rente 4 1/2 pour 100. Il est évident que les acheteurs de ce fonds devront tenir compte du fait capital que le 4 1/2 pour 100 1883 pourra être non plus converti, mais simplement remboursé au pair, à partir de 1892. En ce moment, les cours de 110 à 112 francs paraissent constituer les limites extrêmes de variations du 5 pour 100 ; il aurait pu cependant tomber bien plus bas si les appréhensions qui ont été conçues au sujet de la prochaine liquidation avaient dû se réaliser. En mars dernier, le Crédit foncier avait vendu les rentes précédemment achetées avec les fonds provenant de rémission des obligations foncières 3 pour 100 et déjà, lors de la liquidation du 2 avril, on