tandis que les coureurs du roi catholique arrivaient aux portes de Paris ? Pour conjurer ce péril toujours menaçant et pour sauver l’Europe, la France devait son aide et son appui à ceux qui avaient entrepris ou accepté la lutte, agir elle-même avec toutes les ressources que d’autres difficultés, d’autres entreprises, extérieures ou intérieures, lui permettaient de consacrer à cette œuvre grandiose. N’ayant pas d’armée à envoyer au-delà du Rhin, Richelieu employa d’abord les subsides : le premier, le plus grand, le moins maniable de ces soudoyés fut Gustave-Adolphe. Après la mort de ce héros, le cardinal chercha des alliés dont les allures fussent moins indépendantes. En même temps qu’il renouvelait l’accord avec les Suédois, il traitait[1] avec « l’Union évangélique, » qui s’engageait, moyennant un million de livres par an, à maintenir trente mille hommes de pied et six mille chevaux ; mais de tous les princes qui signèrent le traité d’Heilbronn, le landgrave de Hesse seul resta fidèle à ses engagemens ; isolé, il était impuissant. L’insuffisance des alliés se trouvant démontrée, Richelieu voulut s’assurer par un achat en bonne forme un général avec ses troupes. Il y en avait plusieurs sur le marché qui s’offraient, se retiraient, donnaient des espérances, demandaient des surenchères. En dehors des deux grandes armées, celle de Suède, surtout puissante par l’organisation et la tactique, celle de l’empereur, considérable par le nombre, avec ces essaims de cavaliers venus des bords du Danube, qui rappelaient les hordes d’Attila, le sol de l’Allemagne s’était couvert de petites armées, de bandes de mercenaires, tantôt entretenues par un prince régnant comme le duc de Bavière, tantôt groupées autour d’un aventurier hardi, comme le bâtard Mansfeld, qui un moment fit trembler l’Europe, ailleurs suivant un de ces princes sans argent et sans terres, cadets de souverains ou souverains dépossédés, qui n’ayant qu’un titre et une épée, sont prêts à se vendre ou à se louer pour un temps : tels le duc Charles de Lorraine, ou le duc Bernard de Saxe-Weimar.
Issu de cette maison de Saxe qui avait disputé l’empire à Charles-Quint et qui était assurément la plus nationale, la plus illustre de l’Allemagne, grand, fort, le visage pâle, les yeux et les cheveux noirs, le regard froid et dur, ambitieux, sans scrupules, très doué pour la guerre, Bernard de Weimar avait débuté fort jeune par lever un corps de troupes que Gustave-Adolphe prit à sa solde. Il devint un des premiers lieutenans du roi, et après la catastrophe de Lützen partagea avec le comte de Horn le commandement de l’armée suédoise. La sanglante journée de Nördlingen (1634) rompit
- ↑ 6 avril 1633.