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aériennes des moisissures, M. Miquel a pensé que le procédé le plus sûr serait de les compter directement sous le microscope. En effet, la méthode des ensemencemens fractionnés, employée faute de mieux pour l’évaluation des germes de bactéries à peine visibles au microscope, a le défaut de ne rien nous apprendre sur les microbes incapables de se multiplier dans les liquides adoptés : on sait qu’un grand nombre de semences de lichens, d’algues et de champignons ne se développent jamais dans les sucs ou les bouillons où se plaisent certaines mucédinées, et l’on risque ainsi d’obtenir des résultats fort incomplets. En comparant entre eux le nombre des spores germées dans les liquides en question et celui des spores comptées au microscope, M. Miquel a trouvé que le premier était au second comme 1 est à 20 ; d’où il faut conclure que, sur vingt semences introduites dans le ballon, dix-neuf y restent inactives et passent inaperçues. Il est vrai, d’autre part, que dans les dénombremens directs on ne peut guère éviter de comprendre les spores infécondes tuées par la vieillesse et la sécheresse. Mais la numération des spores, répétée souvent dans le même lieu et dans des conditions identiques, peut au moins nous éclairer sur leurs variations, et c’est là l’essentiel.

La comparaison des chiffres obtenus à des jours différens montre que la fréquence des spores tantôt se maintient stationnaire, tantôt présente de brusques variations. Si, à telle époque, le mètre cube d’air n’en contient que 1,000 ou 2,000, à d’autres momens leur nombre peut s’élever à 100,000 ou 200,000. Le maximum s’observe d’ordinaire au mois de juin (35,000 spores par mètre cube d’air pour la moyenne de cinq années). Pendant l’hiver, le nombre des spores demeure relativement bas, surtout par les temps froids et humides, tandis qu’en temps de sécheresse l’air se trouve souvent assez riche en ! vieilles semences que les vents soulèvent en balayant le sol. En été, les alternatives de sécheresse et d’humidité produisent des effets tout différens. Les pluies qui surviennent quand la température est assez élevée pour favoriser le développement des végétaux inférieurs rajeunissent les vieux mycéliums, les graines de cryptogames, qui ne tardent pas à fructifier et à livrer aux vents les millions de semences qu’elles ont engendrées. Si les pluies viennent à manquer, les parasites privés d’air s’étiolent et meurent, et les spores aériennes disparaissent peu à peu. Quelques observateurs cependant ont cru pouvoir affirmer que les pluies d’été purifiaient l’air et le débarrassaient de ces végétaux parasites ; c’est qu’en effet une forte pluie entraîne vers le sol la plupart des poussières que l’air tenait en suspension ; mais, quinze heures après ce lavage, on voit les semences reparaître cinq ou dix fois plus nombreuses ! C’est ainsi que s’expliquent les contradictions apparentes qu’on relève dans les faits observés par quelques expérimentateurs habiles. En dehors de la température et de l’humidité, la