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direction, du vent paraît encore exercer une influence marquée sur la fréquence des spores, dans l’air de Montsouris : les vents du nord, qui parviennent à l’observatoire après avoir traversé Paris, suivant l’un de ses grands diamètres, sont toujours très chargés de poussières organisées, ce qui prouve que les villes populeuses conservent en toute saison, un degré d’infection, très supérieur à celui de l’atmosphère des champs. En prenant les moyennes d’une période de trois années, M. . Miquel a trouvé les chiffres suivans pour les spores contenues dans un mètre cuba d’aire à Montsousis :


Hiver Printemps Eté Automne Année
6,200 13,000 28,000 8,800 14,200

La moyenne générale est d’environ 14,000 par mètre cube (14 par litre) ; mais en tenant compte de ce fait que les aéroscopes laissent échapper au moins la moitié des poussières atmosphériques, il semble que nous serons plus près de la vérité en portant le nombre moyen des spores contenues dans un litre d’air à 30.

Quant à la détermination exacte de ces spores, qui serait du ressort des botanistes de profession, M. Miquel l’a provisoirement laissée de côté. « Le micrographe qui voudra s’occuper sérieusement de leur étude, dit-il, trouvera, j’en suis persuadé, de nombreux faits intéressans à publier. Il verra, par exemple, plusieurs espèces d’algues et de champignons se faire rares à certaines époques de l’année et abonder dans d’autres ; il verra plusieurs espèces de microphytes envahir presque soudainement l’atmosphère, s’y maintenir très fréquentes pendant deux ou trois ans, puis disparaître ou devenir d’une extrême rareté. Avec le secours des aéroscopes, il lui sera aisé de découvrir dans l’air de certaines régions les graines de quelques moisissures redoutées des agriculteurs… Au point de vue de l’hygiène et de l’étiologie de quelques affections contagieuses, il ne paraît pas établi que les spores si diverses introduites dans notre économie, au nombre de 200,000 par jour ou de 100 millions par an, soient de l’innocuité la plus parfaite. L’apparition du muguet dans la bouche des jeunes enfans et dans les voies respiratoires des mourans semble bien démontrer que les moisissures font aussi partie de la classe des parasites prêts à envahir notre organisme dès qu’il présente un point vulnérable ou de faible résistance. »

En somme, le rôle de ces végétaux microscopiques semble pourtant être beaucoup moins important que celui des bactéries, dont il sera bientôt question. Leur mission apparente est de nous débarrasser promptement d’une foule de substances mortes qui encombrent le sol. Dans l’air des égouts, ils sont plus rares qu’on ne l’aurait cru : leur nombre moyen s’y rapproche de celui qui a été noté pour l’air du parc de Montsouris ; mais souvent aussi on le trouve plus faible. Dans