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l’escompte de 3 à 4 pour 100. Cette modification, qui était prévue depuis quelque temps, indique bien moins un resserrement réel dle l’argent au-delà du détroit que la situation toute spéciale de la réserve de la Banque d’Angleterre, et n’a par conséquent exercé aucune influence sur les tendances de notre propre marché monétaire, dont le trait principal est toujours l’extrême abondance des ressources. Grâce au revirement des trois derniers jours, les prix des deux rentes 3 pour 100 et du 5 pour 100, à la fin de la première quinzaine de mai, se trouvent ramenés au niveau des derniers cours de compensation.

Il en est de même pour les valeurs de la compagnie de Suez, qui, pendant cette période, ont eu un marché très agité, et après avoir rapidement baissé, se sont relevées en même temps que le 5 pour 100. De 2,360, l’action a reculé à 2,180 pour revenir à 2,400 ; on cotait 2,380 samedi soir. La baisse avait été provoquée par un article du Times et d’autres journaux anglais et par l’annonce d’un meeting auquel devaient prendre part, le 10 mai, à Londres, les représentans des principales compagnies anglaises de navigation maritime entre la Grande-Bretagne et l’extrême Orient. Le meeting a eu lieu, et le projet de formation d’une société pour le percement d’un second canal a été adopté à l’unanimité. Un comité exécutif a été nommé avec mission d’élaborer un projet définitif, de réunir les fonds nécessaires, de prendre toutes les mesures propres à la réalisation des principes posés dans le meeting. il semble donc bien que l’agitation anglaise contre l’administration actuelle du canal ait un caractère plus sérieux qu’on ne se plaît à le croire ou à le dire de ce côté-ci de la Manche, et peut-être les actionnaires du canal de Suez feront-ils sagement en répondant autrement que par une indifférence dédaigneuse aux menaces peu déguisées du Times contre la compagnie et son chef, M. de Lesseps. Quel que soit le but de cette agitation, percement d’un second canal, rachat du canal actuel ou prédominance de l’élément anglais dans le conseil d’administration de la compagnie, une question des plus graves se trouve posée : comment remédier à l’insuffisance, nettement et énergiquement proclamée par les armateurs anglais, de la grande voie commerciale ouverte entre l’Europe et l’Orient par des actionnaires français ? Les recettes de la première décade de mai se sont élevées à 2,340,000 francs, en excédent de 550,000 francs sur celles de la décade correspondante de mai 1882, ce qui n’a pas peu contribué aux rachats dont l’action a été l’objet cette semaine.

Les transactions n’ont pas été très actives sur les titres des chemins français, la hausse provoquée par l’annonce de la signature prochaine des conventions ne s’étant pas soutenue. Le Lyon abaissé après le détachement du coupon. Il perd environ 30 francs sur le cours de compensation. Le Midi a reculé de 25 francs et le Nord de 15 francs.