Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 57.djvu/500

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pourtant, si l’on veut que la colonisation se fasse dans des proportions plus vastes, il faut avoir des terres à l’avance et beaucoup[1].


En 1880, sous la plume de M. Thomson, député de Constantine et rapporteur du budget de 1881, les souhaits un peu vagues exprimés par M. Gastu revêtent leur forme à peu près définitive. Après avoir constaté que les sommes annuellement affectées par les chambres aux travaux de colonisation et aux achats de terres s’élèvent au total de 2,570,600 francs environ, l’honorable rapporteur de 1880 se demandait quel inconvénient il y aurait à faire masse de ces différentes allocations que le parlement n’a jamais hésité à Voter et à les inscrire au budget algérien sous la rubrique : « Garantie d’intérêt et d’annuité d’amortissemens du capital avancé à la caisse de colonisation. » En résumé, la commission de la chambre des députés acceptait la création d’une caisse de colonisation dans les conditions indiquées et faisait remarquer que l’état trouverait une large compensation aux sacrifices qu’il s’imposerait ; l’augmentation de la population devant avoir pour effet de donner une vive impulsion au commerce, à l’agriculture, et amener ainsi un accroissement de la richesse publique[2].

Au cours de l’année 1881, les choses se précisent encore davantage. L’administration avait annoncé l’intention de soumettre au parlement un programme général de colonisation. Elle avait évalué à trois cents le nombre des villages à faire figurer à ce programme, et, recherchant les moyens de constituer à bref délai ce vaste domaine colonisable, elle ne s’était pas bornée à esquisser le plan d’une caisse de colonisation ; elle avait apporté, le 3 avril 1881, à la chambre des députés, un projet présenté au nom du président de la république, par M. Constans, ministre de l’intérieur, et par M. Magnin, ministre des finances, « ayant pour objet de mettre à la disposition du ministre de l’intérieur et des cultes une somme de 50 millions pour être employée en acquisitions de terres et en

  1. Rapport fait au nom de la commission chargée d’examiner le projet de loi sur le budget des dépenses de l’exercice 1880 (ministère de l’intérieur), service du gouvernement-général civil de l’Algérie, par M. Gastu, député (séance du 29 mai 1879).
    Cette commission était composée de MM. Brisson, président, Bethmont, Guichard, Casimir Perier, Berlet, Lelièvre, Clemenceau, Gatineau, Latrade, Joly, Spuller, Liouville, La Caze, Millaud, Legrand, Noirot, Lockroy, Proust, Farcy, Rouvier, Gastu, Varambon, Germain, Devès, Lamy, Parent, Blandin, Wilson, Floquet, Constans, Langlois, Bardoux, Margaine.
  2. Rapport fait au nom de la commission du budget chargée d’examiner le projet de loi portant fixation des dépenses et recettes de l’exercice 1881 (ministère de l’intérieur), service du gouvernement-général civil de l’Algérie, par M. Thomson, député (séance du 3 juin 1880).