Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 57.djvu/520

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Alsaciens-Lorrains. Sur la somme totale de 6,254,000 francs distribuée entre les trois comités de l’instruction, de secours et de colonisation, ce dernier, le comité de colonisation, avait reçu pour sa part 2,350,655 francs qu’il était chargé de distribuer au mieux pour l’assistance des émigrans alsaciens-lorrains en Algérie.

C’est au rapport présenté, le 31 juillet 1875, à la commission générale, au nom du comité de colonisation en Algérie, par M. Guynemer, membre de cette commission, que nous allons emprunter les renseignemens et les chiffres qui vont suivre[1]. Ils ne sont plus approximatifs, comme ceux dont nous avons dû nous contenter jusqu’à présent. Ils sont le produit d’une enquête officiellement ordonnée par une réunion d’hommes expérimentés, scrupuleusement menée jusqu’au bout par un ancien administrateur doué de l’esprit le plus judicieux, qui avait visité lui-même les lieux à plusieurs reprises et auquel les diverses questions qu’il avait à traiter étaient particulièrement familières. Rien de vague cette fois. Le tableau tracé est fidèle, net et complet ; c’est pourquoi il peut servir à donner, à propos de l’émigration alsacienne-lorraine de 1871, une idée strictement exacte des résultats qu’obtient la colonisation officielle même quand elle s’exerce dans des conditions exceptionnellement favorables et avec le concours empressé de toutes les bonnes volontés. Nous avons ici le bilan mathématique de ce que coûte à l’administration l’établissement d’une famille de colons en Algérie. Voici les chiffres.

« D’après les listes nominatives officiellement fournies, il y avait, à la date du 1er mars 1875, un total de 863 familles installées comme colons au titre n en Algérie. 272 de ces familles (1,202 personnes) étaient installées dans dix-huit villages de la province d’Alger ; 397 de ces familles (1,036 personnes) étaient installées dans vingt-huit villages de la province de Constantine ; 194 de ces familles (977 personnes) étaient installées dans quinze villages de la province d’Oran ; total : 863 familles composées de 4,115 personnes dans 60 villages, Si à ces familles on ajoute celles qui sont arrivées en Algérie avec quelques ressources et ont reçu des concessions au titre Ier, plus d’autres familles installées par la Société de protection et par M. Jean Dolfus à Azib-Zamoun et Boukalfa, on arrive au chiure total de 1,020 familles, plus de 5,000 personnes réellement installées en Algérie au 1er mars 1875[2]. »

Si l’on cherche à se rendre compte de la dépense qu’a définitivement occasionnée l’installation comme colons des familles, dont l’existence a été constatée, au 1er mars 1875, dans les divers villages, on trouve :

  1. Paris, Imprimerie nationale, 1875.
  2. Rapport de M. Guynemer, page 17.