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Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 57.djvu/527

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à planter des eucalyptus et des arbres à haute tige le long desdits fossés et dans tous les endroits restés humides. Lorsque ces fossés furent devenus de véritables petits canaux, presque des torrens, qui conduisaient rapidement les eaux des terres submergées se perdre dans le Sebaou ; lorsque les arbres eurent atteint une hauteur qui métamorphosait absolument tout l’aspect de la plaine ; après qu’une commission composée des notables du pays eut déclaré qu’elle était devenue parfaitement salubre et susceptible d’être livrée à la colonisation, le président de la société et son secrétaire-général se rendirent de leur personne par deux fois à Nancy. Ils y avaient convoqué toutes les familles des pays annexés qui avaient demandé par écrit à être admises comme colons au Camp-du-Maréchal. Ils leur avaient, au préalable, communiqué les plans de l’assiette du futur village et celui des maisons à deux étages, beaucoup plus spacieuses que celles d’Haussonviller et de Boukalfa, qui leur étaient destinées et dont la construction devait revenir à 4,500 francs. Ajoutons que les exigences de la société avaient grandi. C’était 4,000 francs dont elle exigeait le versement avant le départ de France, prenant toutefois l’engagement de restituer sur place la moitié de cette somme aux intéressés au fur et à mesure de leurs besoins régulièrement constatés. Ces conditions furent acceptées avec reconnaissance. L’embarras était de choisir entre les postulans en raison de leurs bons antécédens, de leur robuste santé, de celle aussi de leurs femmes, car les femmes elles-mêmes avaient été convoquées et n’étaient point les moins pertinentes à répondre aux questions qui leur étaient adressées. Ces questions, est-il besoin de le dire, portaient surtout sur leur aptitude comme agriculteurs, sur la quotité du petit capital qu’ils étaient en état de réaliser. La plupart l’évaluaient de 5,000 à 6,000 francs, quelques-uns assuraient qu’ils pouvaient disposer de 12,000 à 20,000 francs, quand ils auraient vendu les biens immobiliers, les bestiaux et le matériel d’exploitation qu’ils possédaient dans leur pays d’origine. Avec ces données, leur réussite était certaine et, en réalité, à l’heure qu’il est, ils ont tous réussi.

Pendant ce temps-là, un fait non moins heureux s’était produit à Haussonviller et à Boukalfa. Les annuités échues rentraient facilement ; plusieurs colons s’étaient par anticipation libérés entièrement vis-à-vis de la société qui avait pu les constituer propriétaires définitifs. Enfin un certain nombre d’entre eux étaient en voie d’arrangemens avec le Crédit foncier, disposé à leur prêter une somme suffisante pour qu’ils pussent, à la fois, éteindre leurs dettes et consacrer le surplus à l’amélioration de leur exploitation agricole. Dans leur dernière assemblée générale, les fondateurs de