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Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 57.djvu/635

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de deux saisons sépare ces documens de mes premières études ; pourtant le mot de M. Planchon est resté celui de la situation : « La résistance de la vigne américaine n’est que relative, mais la moins résistante des vignes américaines est plus résistante que la plus résistante des vignes françaises. »

Si l’exactitude absolue de ces paroles ne se traduit pas toujours par des faits, c’est que l’adaptation en est encore à sa période expérimentale. Les incrédules croient que ce mot cache un piège, que c’est un manteau commode pour dissimuler les défaillances de la vigne américaine, mais ce préjugé tombera le jour où on recherchera la succession d’échecs qui a cantonné jadis chaque variété européenne dans la région qui lui est propre. Comme l’a fort bien dit M. Giraud-Teulon : « Il faut se rappeler que les espèces importées d’Amérique proviennent de différentes régions d’une aire géographique égale à celle qui s’étendrait de Moscou à Cadix, et de la Belgique à l’Algérie ; si la viticulture européenne, retombant en enfance, entreprenait de revenir sur cette adaptation consacrée par des siècles, la situation serait probablement plus grave que celle de la vigne américaine, quoique si nouvellement débarquée sur notre continent. »

Depuis la première étude publiée ici même[1], la vigne américaine a gagné la confiance de ceux qui la voient de près, et tandis que le professeur Husman éclairait la question en Amérique, le congrès de Bordeaux rendait le même service à la France. Les croyans de la vigne américaine y ont trouvé le baptême : le nom d’américanistes qui leur a été jeté à la tête, ils l’ont ramassé pour l’inscrire sur leur drapeau. En 1882, les preuves se sont accumulées en faveur de la vigne américaine et se rencontrent sur les points les plus étrangers les uns aux autres ; la remarquable étude de M. Giraud-Teulon confirme en 1882 ce qu’on pressentait en 1880, et cela avec tant de logique et d’autorité que je voudrais voir ces pages entre les mains de tous mes compagnons viticoles, car elles sont marquées au coin de la science vraie, de celle qui se le indissolublement à la pratique.

Un rapport de la commission d’enquête du comice de Béziers est venu l’année dernière réduire à néant les légendes funèbres sous lesquelles on voudrait ensevelir la vigne américaine pour la plus grande gloire de poisons et d’explosifs coûteux, tandis que les américanistes imprudens de la première heure ouvraient de nouveau leur magasin et apprêtaient la charrette enrubannée des vendangeurs.

  1. Revue du 15 juin 1881.