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Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 58.djvu/128

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Régistres contenant quatre mille cinq cents pièces. Le docteur Dudik pour l’histoire de la Moravie et de la Bohême, M. Dulaurier pour ceux de l’Arménie, P. -A. Munch pour les États Scandinaves, y ont fait d’abondantes moissons.

Ce qui excitait surtout les convoitises des historiens, c’était l’incomparable série des deux mille registres pontificaux, depuis Innocent III jusqu’à Pie V, où se résume toute l’administration de la cour de Rome. Le recueil de ces bulles paraissait si indispensable à l’histoire que l’érudit allemand Potthast, désespérant sans doute de voir les archives du Vatican s’ouvrir, a dressé et publié l’inventaire de celles de ces bulles qu’il a pu recueillir dans les livres imprimés ; il les a classées chronologiquement, avec de courtes analyses ou quelquefois des extraits, travail d’une incontestable utilité ; mais que serait-ce si de courageux travailleurs pouvaient un jour puiser librement et longtemps à la source première et rendre à la science l’usage de tant de documens d’une si haute valeur ? Nous avons considéré que l’École française de Rome devait aspirera cette tâche, et qu’elle ne serait définitivement fondée, au moins pour une partie de sa mission, qu’après avoir obtenu les moyens de s’y dévouer. Notre demande fat présentée : c’était dans les dernières années du pontificat de Pie IX. Il y eut des retards, aggravés par des circonstances extérieures qu’il fallait éloigner au préalable. Même après qu’on avait eu l’assentiment du saint-père et les assurances du cardinal secrétaire d’état, il y eut de longs arrangemens à prendre avec M. Rosi, alors préfet des archives. La difficulté était pour M. Rosi d’accommoder la concession acquise avec cet axiome : « Personne n’entre et rien ne sort ; » Il le répétait souvent. La difficulté n’était toutefois qu’apparente ; il s’agissait de trouver une salle-voisine des archives qui pût se prêter à l’application du privilège sans tomber sous le coup de l’interdiction traditionnelle. Au reste, le pontificat de Léon XIII allait apporter en peu de temps les facilités si longtemps invoquées par la science. On commença par autoriser le travail dans la salle de lecture de la Bibliothèque vaticane ; plus tard on alla jusqu’à ouvrir une salle particulière dans les dépendances mêmes des archives.

La collection des registres pontificaux commence avec Innocent III ; mais les bulles de ce pape ont été publiées, et ses actes ont été commentés par M. Léopold Delisle : c’était là pour nous un modèle à suivre, non certes un travail à refaire. Nous avons choisi, pour commencer le pontificat d’Innocent IV, une des grandes figures du XIIIe siècle, un contemporain de saint Louis, le rival du grand empereur Frédéric II. M. Élie Berger, lauréat et aujourd’hui auxiliaire de l’Institut, a pris en main la tâche d’étudier les registres de ce long règne, de résumer chaque bulle et de préparer une vaste