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Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 58.djvu/644

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et mieux inspirés. À Pérouse, en effet, dans le Cambio, Pérugin figura aussi les planètes, et Raphaël à Rome, dans la chapelle Chigi, à Sainte-Marie du Peuple, montra, en commentant une partie du système astronomique de Dante, comment on pouvait tirer parti des souvenirs de l’antiquité au profit du christianisme et satisfaire à toutes les exigences de la raison et du goût.

De l’examen des cieux à celui des questions qui se rattachent à Dieu et à l’âme humaine le passage était inévitable. Or c’est la religion qui donne une réponse à ces questions. Malgré le progrès des idées païennes et le relâchement des mœurs, le catholicisme occupait dans l’esprit et le cœur des individus, comme dans les rouages de la société, une place considérable, et les divers ordres religieux, en dépit de quelques abus, n’avaient perdu leur prestige ni auprès du peuple ni auprès des princes eux-mêmes. C’est à Borso que sont dues l’introduction des chartreux à Ferrare et la fondation de leur monastère, un des monumens qui excitent le plus l’admiration du voyageur. Il en posa la première pierre le 21 avril 1452, et, lorsque l’église et le couvent furent achevés (1461), il les fit offrir au prieur de la Grande-Chartreuse de Grenoble. Dans les fresques du palais de Schifanoia, les moines n’ont pas été oubliés, mais ce n’est pas un monastère de chartreux qu’on a représenté, car les moines qui se dirigent vers leur couvent avec leurs besaces appartiennent à un ordre mendiant. Non loin de là, comme nous l’avons indiqué, d’autres moines s’associent aux intentions de Borso en faveur de la croisade prêchée par Pie II ; ils marchent à la tête de ceux qui doivent combattre contre les infidèles et s’efforcent d’enflammer leur courage au moyen d’une musique à la fois martiale et religieuse.


VIII.

M. Bürckhard fait remarquer avec justesse qu’à l’époque de la renaissance en Italie, on commence à étudier et à décrire la vie réelle, la vie ordinaire, mais il ajoute que, si les tableaux de genre apparaissent dans la littérature, ils sont encore absens de la peinture. Cette dernière observation n’est pas d’une exactitude absolue ; elle est contredite par les fresques du palais de Schifanoia, qui, à la vérité, constituent une exception dans l’ensemble des productions de l’art au XVe siècle. Elles présentent, en effet, des scènes familières, empruntées, les unes à la vie de chaque jour, à celle qui est commune à toutes les classes de la société, les autres à l’exercice de professions plus ou moins relevées. Ici, des jeunes gens et des jeunes femmes s’abandonnent naïvement aux effusions de leur tendresse mutuelle ; là des mains féminines exécutent des broderies