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l’avait nommé amiral de France, le 25 novembre 1552, et à partir de ce moment il ne fut plus guère désigné que sous le nom de l’amiral. Charles-Quint brûlait du désir de se venger du désastre qu’il avait subi devant Metz ; Philibert-Emmanuel ayant pris Térouenne et Hesdin, Henri II se mit en campagne avec une armée où Coligny commandait quinze mille hommes d’infanterie. Cette campagne de 1553 fut sans résultats, et, l’année suivante, Henri II reprit les hostilités dans le Brabant, le Hainaut et le pays de Namur. Au siège de Dinant, Coligny monta le premier à la brèche, une enseigne à la main, qu’il planta sur la muraille; il fut blessé à la jambe, mais sa blessure ne l’empêcha pas d’être au combat de Renty, où il dut mettre pied à terre et « prenant mille à douze cents tant harquebuziers que corcellets, et des bons, et luy une picque au poing, à la teste, donna de telle furie et asseurance avec ses gens, teste baissée, qu’en un rien il eust deslogé et repoussé du bord du bois cette arquebuzerie espaignolle, qui montoit à deux fois plus que la trouppe de M. l’admiral. » (Brantôme.)

Brantôme raconte que, le soir de la bataille, il y eut dans la chambre du roi un différend entre Coligny et le duc de Guise, « si que M. de Guyze lui dit : «Ah ! mort Dieu ! ne me veuillez point ester mon honneur! » M. L’admirai lui répondit : « Je ne le veux point; » et M. de Guyze répliqua : « Aussi ne le sçauriez-vous. » Le roi leur commanda de se taire et d’être bons amis. L’ancienne amitié avait, depuis quelque temps déjà, fait place à d’autres sentimens, et la journée de Renty en déchira les derniers restes.

Le gouvernement de Picardie, le plus important à ce moment, où l’Espagnol pressait sans cesse sur notre frontière du Nord, étant devenu vacant, par suite de l’avènement d’Antoine de Bourbon au trône de Navarre, Henri II le donna à Coligny. Antoine de Bourbon avait pourtant prié le roi d’en investir son frère le prince de Condé; mais Henri II, dans un moment d’irritation causé par une négociation relative au Béarn, donna la préférence à Coligny, bien que celui-ci eût déjà le gouvernement de l’Ile-de-France. Il est vrai qu’il ne détenait ce dernier gouvernement que comme un dépôt pour le transmettre au fils aîné du connétable, qui était alors prisonnier de guerre.

Coligny fut chargé de traiter avec l’empereur de la rançon ou de l’échange des prisonniers de guerre. Les longues conférences qui eurent lieu à ce sujet ayant amené la conclusion d’une trêve, il se rendit à Bruxelles pour recevoir le serment de Charles-Quint et de Philippe. Quand l’amiral fit sa première visite au château à Bruxelles, les Français furent mécontens d’y voir des tapisseries qui représentaient l’histoire de la prise de François Ier devant Pavie