Les chambres françaises ont donc pris leur congé ordinaire pour trois mois, après une session peu glorieuse, qui n’a été qu’un assez bizarre mélange de temps perdu et de besognes précipitées. Elles sont parties sans trop regarder derrière elles, laissant au gouvernement cette triste loi judiciaire, dont la république ne tirera sûrement ni honneur ni profit, et les conventions avec les compagnies de chemins de fer, qui n’ont encore été votées qu’au palais Bourbon, mais qui peuvent être considérées comme acquises. Députés et sénateurs avaient hâte d’arriver au bout de l’étape parlementaire pour regagner leurs provinces, pour pouvoir au moins donner quelques jours à leur candidature dans les élections des conseils généraux, qui s’achèvent en ce moment même. On a expédié le plus pressé, on a doublé le pas, et peut-être n’était-il que temps d’en finir, de s’en aller au plus vite, car si les chambres étaient restées réunies quelques jours encore, tout pouvait se gâter singulièrement. M. le président du conseil, devant le sénat, a pu se prévaloir avec jactance de la majorité dont il croit pouvoir disposer. Il s’est payé d’une apparence ou d’une illusion. La vérité est que, jusqu’au bout, on n’a été sûr de rien, qu’on a pu, à tout instant, s’attendre à l’imprévu, que si les conventions ont été enlevées avec une certaine vigueur, le vote de la loi judiciaire a été aussi compromettant que laborieux. Le ministère n’a été peut-être sauvé que par l’interruption des travaux parlementaires, et cette session ne s’est point terminée sans être marquée jusqu’à la dernière heure par des incidens qui montrent ce qu’il y a toujours de précaire dans cette majorité dont on parle, ce qu’il y a aussi d’équivoque et de violent dans une loi qui n’a passé qu’à l’aide de subterfuges, qui, même en étant votée, reste frappée de suspicion.