remboursement était garanti par les prises de la flotte rocheloise ; elle avait promis six vaisseaux, six canons de batterie. L’argent anglais était destiné aux troupes allemandes : le duc de Deux-Ponts avait promis six mille chevaux, trente enseignes de gens de pied, vingt canons de batterie et douze pièces de campagne.
La campagne de 1569 commença de bonne heure ; l’armée royale s’était encore fortifiée de troupes fraîches. Condé et Coligny résolurent de marcher vers la Charente et d’aller chercher en Quercy les vicomtes qui ne voulaient faire la guerre que chez eux. On s’ouvrirait avec eux le chemin de la haute Loire et l’on irait donner la main aux Allemands. On se mit en marche au commencement de mars ; l’amiral était le 3 avec l’avant-garde à Cognac ; avec d’Andelot, il prit Jarnac, où il se trouvait encore le 13 au matin. Il avertit Condé que l’armée de Monsieur était proche et le supplia de mettre « quelques hommes de bien » dans Cognac. Le pont de Châteauneuf ayant été rompu, l’amiral s’y porta avec sept ou huit cents chevaux et autant d’arquebusiers ; il laissa à la garde du passage deux régimens d’infanterie et huit cents chevaux pour empêcher le passage des troupes royales ; mais les troupes allèrent chercher leurs quartiers trop loin ; il ne resta qu’une faible garde, et les catholiques passèrent pendant la nuit sans faire aucun bruit. Averti à l’aube, l’amiral dut attendre trois heures que toutes ses troupes fussent réunies avant de pouvoir se mettre en route ; les royaux tombèrent sur lui. « C’est, dit La Noue, ce qui fît retourner M. le prince de Condé, qui jà estoit à demi grosse lieue de là, se retirant, car, ayant entendu qu’on seroit contraint de mener les mains, lui, qui avoit un cœur de lion, voulut estre de la partie. » La Noue fut fait prisonnier ; le prince et l’amiral chargèrent en vain : la cavalerie catholique, toute l’armée du duc d’Anjou avançait ; les huguenots prirent enfin la fuite, laissant sur le champ de bataille quatre cents gentilshommes ; le valeureux Condé tomba avec son cheval tué sous lui, et blessé, la jambe cassée, s’étant déjà rendu à d’Argence, fut tué d’un coup de pistolet par Montesquieu, qui était des compagnies du duc d’Anjou.
La bataille de Jarnac ôtait aux protestans un chef héroïque, mais ne leur coûta pas beaucoup de monde. Coligny, qui n’avait pas été inquiété dans sa retraite, alla passer la revue de ses troupes à Tonnay-Charente ; Jeanne d’Albret présenta à l’armée son jeune fils, devenu le chef des protestans ; mais, désormais, le chef véritable était Coligny. Il fit associer au commandement nominal de l’armée le jeune fils du prince de Condé ; le père avait perdu la vie en venant à son secours à Jarnac ; il devait beaucoup à cet orphelin, dans lequel il aimait, au reste, un compagnon d’enfance du fils qu’il avait perdu à Orléans. Les deux Henri, âgé l’un de seize ans, l’autre