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ITALIE ET LEVANT

NOTES D'UN MARIN

L’escadre d’évolutions vient d’arriver à Toulon après avoir visité tout le bassin oriental de la Méditerranée. Quelle mission avait-elle à remplir ? Comme le gros du public, nous croirions aisément qu’elle n’a fait qu’une campagne d’instruction professionnelle. A la suite de quelques-uns qui se piquent de voir plus loin que le vulgaire, nous ajouterions volontiers que, douze ans s’étant écoulés depuis nos derniers désastres, le temps est passé du recueillement absolu qu’ils nous imposaient, et que, par suite, si cette année, rompant avec des traditions récentes d’ailleurs, l’escadre a promené les couleurs de la France sur les rivages de l’Italie, de l’Archipel, de la Grèce, de l’Asie-Mineure et enfin de la Syrie, c’est, qu’en haut lieu, on a pensé avec raison que nos cuirassés de combat et les marins qui les montent sont bons à montrer à nos amis comme à nos ennemis, et que dès lors il est utile qu’amis et ennemis sachent que la France n’est plus l’agonisante de 1871 ; que, sur mer au moins, elle a encore une épée dont les coups pourraient être mortels à ceux qui s’y exposeraient de gaîté de cœur.

Ces explications, pour plausibles qu’elles soient, ne nous ont pas satisfait entièrement. Si telle était bien, en effet, la mission de