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par des dames, pour recevoir des élèves du sexe féminin. L’enseignement y dure quatre ans, et les cours sont donnés par les professeurs de l’université. En 1878, il y avait plus de 100 étudiantes à Cambridge. Mlle Gladstone, la fille du premier ministre, a subi les examens scientifiques de cette université. À Londres, en 1872, il a été créé une école médicale complète ouverte aux femmes. En 1877, le comité de cette école obtint la faculté de donner l’enseignement clinique au Royal Free Hospital, non fréquenté par les étudians. Malgré l’opposition de l’université de Londres, le conseil académique donna l’autorisation de subir devant cette université les examens professionnels. Depuis 1874, 100 étudiantes sont entrées à la nouvelle école ; 26 dames aujourd’hui sont admises à la pratique médicale. Plusieurs dames font partie des professeurs de l’école. En 1881, c’est une étudiante qui a obtenu devant l’université la médaille d’or pour l’anatomie. Mais c’est surtout aux États-Unis que l’instruction supérieure des femmes a pris la plus grande extension. On comptait, ces dernières années, dans l’état de New-York, 390 femmes pratiquant la médecine. Un collège spécial, Vassar-College, comprend 400 jeunes filles. Le programme des études y correspond à notre enseignement des facultés de lettres et de sciences. L’université de Michigan compte 500 femmes sur 1,500 élèves. À Philadelphie, il y a une faculté de médecine pour les femmes. On cite des personnes qui, à Philadelphie et à New-York, gagnent de 80,000 à 100,000 francs par an par leur clientèle. En Allemagne, les universités ne sont pas favorables à l’enseignement supérieur des femmes. Quelques facultés cependant leur ont été ouvertes, et l’université de Goettingue a distribué des diplômes. À Munich, en 1878, des cours scientifiques ont été ouverts pour les jeunes filles. En Suède, les universités sont beaucoup plus libérales. Une ordonnance royale de 1870 a permis la carrière de la médecine aux femmes. En Italie, l’université de Bologne leur a été ouverte. À Paris, il en a été de même. Depuis 1870, les cours des facultés des lettres, des sciences et de médecine ont admis les femmes, qui, depuis longtemps, pouvaient fréquenter les cours du Collège de France. Plusieurs jeunes filles ont pris des grades. De 1861 à 1882, il a été décerné aux femmes à9 diplômes de baccalauréat ès-lettres, 32 ès-sciences, 2 de licence ès-lettres, 3 de licence ès-sciences, 21 diplômes de doctorat en médecine, 1 d’officinat de santé, 1 de pharmacie, enfin 29 brevets de capacité d’enseignement secondaire spécial[1], en tout : 138 diplômes. M. Trasenster termine son discours par l’exposé de l’état actuel de

  1. Ce dernier diplôme, qui ne répond à rien de pratique, est celui que l’on obtient à l’issue des cours de la Sorbonne.