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LES
AURORES BORÉALES

I. Les Aurores boréales au détroit de Behring (Norrskenen vid Borings sund), par A. E. Nordensklöld. Extrait des Résultats scientifiques de l’expédition de la Vega, Stockholm, 1882. — II. Expériences sur l’aurore boréale en Laponie, par S. Lenström, Bulletin de la commission polaire internationale, 4e livraison; Saint-Pétersbourg,1883).

Il peut être utile, même en science, d’avoir recours à Molière, et le bon M. Jourdain, quand on lui propose d’apprendre la physique, « qui enseigne les causes de tous les météores, l’arc-en-ciel, les feux volans, les comètes, etc., » n’a pas tout à fait tort de répliquer : « il y a trop de tintamarre là dedans, trop de brouillamini. » La météorologie a fait, il est vrai, d’énormes progrès; mais chez elle, en revanche, que de points obscurs ou douteux, que de préjugés à dissiper, d’erreurs à combattre, de distinctions à établir! Depuis une longue série de siècles, des milliers d’aurores boréales ont été observées par des savans ou de simples curieux, et cependant ce phénomène, aussi mobile qu’éclatant, semble, comme un nouveau Protée, se transformer sans cesse; il se montre sous des faces si diverses que, devant lui, la science hésite parfois, se trouble et confesse son impuissance. Quel météore pourtant a plus attiré les regards, quelle apparition dans le ciel a donné naissance à autant de légendes gracieuses ou terribles, selon les temps ou les régions?

Il est essentiel avant tout de définir l’aspect que présentent ordinairement les aurores. La tâche est assurément malaisée : prétendre, envisager d’innombrables formes particulières constitue déjà