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LE
VATICAN ET LE QUIRINAL
DEPUIS 1878

II.[1]
LE PAPE LÉON XIII ET L’ITALIE SOUS LE REGIME DE LA LOI DES GARANTIES.

« La situation de la papauté est intolérable. » Qui s’est ainsi exprimé, et cela publiquement, et à plusieurs reprises? Ce n’est pas Pie IX, dans l’emportement d’une de ces éloquentes improvisations où l’impétueux vieillard exhalait librement ses colères, c’est Léon XIII, le pape politique et diplomate, au langage toujours mesuré et ne livrant rien au hasard, le pape dont les libéraux vantaient d’avance la modération et la prudence, le pontife pacificateur qui s’est manifestement donné pour mission de mettre partout un terme aux luttes religieuses. Le pays où les idées de transaction eussent été le mieux accueillies du pouvoir civil et de la masse des fidèles est celui où le saint-siège s’est montré le moins enclin à la conciliation ; l’état sur le territoire duquel la papauté a sa résidence est celui où l’église garde envers ses adversaires l’attitude la plus fière et la plus hautaine. S’il a signé la paix avec le tsar, protecteur officiel du schisme; si, dès son avènement, il a ouvert des négociations avec l’hérétique empereur que son prédécesseur traitait

  1. Voyez, dans la Revue du 15 novembre 1882, le Pape Léon XIII et l’Europe.