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nécessaire, font quitter les études à quinze ans. Cela est vrai, même des lycées classiques ; et il existe aussi dans ces lycées, à la fin de la quatrième, un diplôme appelé certificat de grammaire qui a des effets légaux (par exemple, le droit d’études en pharmacie). C’est en vertu des mêmes principes et des mêmes raisons que l’on a établi dans les deux plans d’études de l’enseignement spécial et de l’enseignement des filles un premier cycle de trois ans pour les enfans dont les familles ne pourront pas supporter plus longtemps les frais de l’éducation. Mais, après ces trois ans, viennent deux ans d’études plus approfondies et plus sérieuses. Les distinctions de classes et de cours sur laquelle M. Camille Sée insiste ne signifient pas grand’chose. Dans nos lycées, les professeurs de rhétorique font une classe, et nos professeurs d’histoire font un cours, parce qu’ils font des leçons suivies : mais c’est bien le même enseignement, en réalité aussi utile, aussi efficace sous forme de cours que sous forme de classe. Mais, dira-t-on, pourquoi cinq ans, tandis que nous en avions demandé au moins huit ? C’est sans doute que l’on a pensé qu’il était plus sage de laisser soit à l’enseignement primaire, soit à l’enseignement privé le soin des trois premières années. On a admis toutefois que, suivant les localités, cet enseignement élémentaire serait organisé dans le lycée même, quand il paraîtrait nécessaire. Il est probable que c’est pour ménager les dépenses et diminuer la complication de toutes ces créations nouvelles que l’on a ajourné l’établissement de ces classes élémentaires ; d’ailleurs cet enseignement antérieur sera garanti par un examen d’entrée dans la première classe. Après tout, ou ne peut pas dire qu’un enseignement perde son caractère d’enseignement secondaire, parce qu’on a laissé en dehors de lui l’enseignement primaire. Ce qui caractérise l’enseignement secondaire, ce n’est pas la durée, c’est l’esprit de cet enseignement. Ce qui le caractérise avant tout, c’est l’étude des langues et de la littérature. Jusqu’ici, dans l’éducation des filles, l’étude des langues n’a été qu’un accessoire. L’anglais et l’allemand se payaient à part comme le dessin ou la musique. Dans le nouveau système, les langues modernes (anglais ou allemand) doivent être la base des études ou en tirera des avantages analogues à ceux que nous obtenons dans les lycées de garçons par l’étude des langues anciennes. En outre, la culture générale de l’esprit se fait par la littérature, d’abord et avant tout par la littérature française, mais aussi par les littératures anciennes et modernes. Nos jeunes filles seront, soit par la langue elle-même, soit par la traduction, mises au courant des chefs-d’œuvre modernes et des chefs-d’œuvre de l’antiquité. C’est cela qui constitue un enseignement secondaire des filles. La hauteur de cet enseignement est garantie par les épreuves