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M. Tirard compte principalement sur d’importantes diminutions dans les dépenses des ministères et sur l’économie d’une dizaine de millions devant résulter d’une modification du régime des caisses de retraite pour la vieillesse.

L’événement financier de la quinzaine a été le succès de la souscription ouverte, le 3 octobre, par la Compagnie du canal interocéanique de Panama au milieu de circonstances tellement fâcheuses que toute autre opération financière eût été condamnée à l’échec le plus complet. La compagnie offrait au public 600,000 obligations; il lui en a été demandé 650,000 par plus de cent mille souscripteurs. On voit que la Bourse et la spéculation n’ont eu aucune part dans ce résultat vraiment étonnant de la confiance que manifeste la petite épargne à l’égard des entreprises de M. de Lesseps. Les souscriptions de 1 à 10 obligations sont intégralement servies. Les souscriptions portant sur plus de 10 obligations subissent une réduction de 15 pour 100. L’action de Panama devrait profiter du succès de la souscription; ce titre cependant n’a pu encore reprendre le pair.

Les obligations des chemins de fer français ont été plus fermes que les rentes et ne se sont point ressenties des émotions de la spéculation. Les actions, au contraire, ont assez fortement fléchi, non pas que l’on puisse redouter le rejet des conventions par le sénat, mais on sait que ces conventions mêmes ne sont pas aussi avantageuses aux actionnaires que la spéculation avait pu le supposer d’abord.

Les chemins de fer étrangers ont échappé à l’influence fâcheuse qu’exerçaient les événemens sur les valeurs françaises. Les Autrichiens et les Lombards sont restés immobiles; le Nord de l’Espagne et le Saragosse ont remonté parce que les recettes sont en progression constante, malgré la diminution du prix des places de voyageurs depuis le 1er septembre.

Le Crédit foncier reprend le terrain perdu. Les bruits relatifs à des pertes qu’imposeraient à cet établissement les embarras de certaines entreprises immobilières étaient mal fondés. Les titres des autres sociétés de crédit sont restés sans changement.

L’italien a été constamment ferme et n’a perdu un moment le cours de 91 francs que pour le reprendre et le dépasser aussitôt. Les valeurs turques ont été délaissées. La démission du cabinet Sagasta a valu plus d’une unité de hausse au 4 pour 100 extérieur d’Espagne; mais ce fonds a reperdu un demi-point quand il a été connu que M. Camacho ne faisait point partie du nouveau cabinet.


La directeur-gérant : C. BULOZ.