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porte le nom de Syrastrène. Le pays est fertile en blé, riz, sésame, beurre et carpassum, encore une substance inconnue. On y fabrique des toiles de qualité inférieure avec le coton de l’Inde. Le gros bétail abonde dans l’Aberia ; les indigènes y sont de haute taille et noirs de couleur. La ville de Minnagara, — aujourd’hui Indore, sur le chemin qui conduit d’Ugein à la Nerbudda, — ne confondons pas ce Minnagara avec le Minnagara de l’Indus, — est le chef-lieu du pays. Les toiles fabriquées dans la province sont portées à Barygaza. Il existe encore sur ce point, au dire de l’auteur du Périple des monumens de l’expédition d’Alexandre, des enceintes consacrées, des fondations de camps et de grands puits. Les érudits en doutent ; ils n’admettent pas qu’Alexandre ait jamais été aussi loin : l’érudition n’est cependant pas infaillible.

De Barbaricé sur l’Indus au promontoire de Papicé près d’Astacapra, promontoire qui s’élève en face de Barygaza bâtie sur le rivage, la distance est de 300 milles. C’est bien là, en effet, l’espace qu’on mesure entre Rechel, localité moderne située à l’embouchure de l’Indus, et le village de Dalewalla dans le golfe de Cambaye. Immédiatement après le promontoire Papicé, vous trouverez uns longue baie, bien abritée des vagues, que couvre tout entière l’île Bæones, — aujourd’hui l’Ile Diu de fameuse mémoire. Les Portugais y ont repoussé plus d’un assaut, et don Juan de Castro s’y acquit une gloire immortelle. Dans le fond de la baie débouche un très grand fleuve appelé, autrefois comme aujourd’hui, le Mahi. Dans sa plus grande dimension, la baie de Bæones a 30 milles environ d’étendue. Pour se rendre à Barygaza, il faut laisser l’île Bæones sur la gauche, et, dès qu’on aperçoit l’entrée de la baie de Dalewalla, faire route à l’est. On se dirige ainsi vers l’embouchure du fleuve de Barygaza, qui portait, au temps de Claude, le nom de Namnadius, appellation à peine défigurée de la Narmâda ou Nerbudda de nos jours.

Le canal qui conduit à Barygaza est étroit et l’accès en est difficile pour les navires qui arrivent du large. On a quelque peine à ne pas tomber à droite ou à gauche du bon chenal ; cependant, sur la gauche, la route est meilleure. A droite, l’entrée même est encombrée par un banc de roches sous l’eau, dont quelques têtes seulement sont visibles. Ce banc, connu sous le nom de Héron, part de la côte sur laquelle est bâti le village de Cammon. A gauche se projette, comme nous l’avons dit plus haut, le promontoire de Papicé qui prend naissance près d’Astacapra. Les abords de ce promontoire ne laissent pas d’être assez dangereux : la marée le contourne et si elle vous oblige à jeter un pied d’ancre, vos câbles courent grand risque de se couper sur le fond.

Alors même qu’où a pénétré heureusement dans le golfe, il n’est pas aisé de trouver l’entrée du fleuve de Barygaza, car la côte est