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moderne d’Honoré, par 14° 16’ de latitude, à peu près à mi-chemin de Bombay à Calicut. Quant à Calicut, située à trois degrés plus bas, ce serait peut-être cette ville d’Ægialum que l’auteur du Péricle se borne à mentionner, en disant simplement : « De Limyrice à Ægialum, la route est encore assez longue. » Sur cet espace de 700 milles, il existe au-dessous de Barygaza des comptoirs de moindre importance : Suppara, le beau rivage en indien, aujourd’hui Surate, à l’entrée du golfe de Cambaye ; Calliena, aujourd’hui Calliani, non loin de Bombay, ville, dit l’auteur du Périple, qui, au temps de Saragana l’Ancien, fut un grand entrepôt. Quand cette ville tomba au pouvoir de Sandanes, elle perdit beaucoup de son importance. Si le hasard y conduit des navires grecs, on les amène sous bonne garde à Barygaza.

Après Calliena, on trouve encore de nombreux marchés : Samylla, aujourd’hui Maundvi ou Choul, sur la rivière de Koundoulika ; Mandagora, aujourd’hui Radjapour; Palæpatmæ, aujourd’hui Bancut; Melizigara, que Pline appelle Sigerus et que nous nommons Djyghur; Byzance qui correspond au port de Viziadrug ou Geriah; Toparus, auquel a succédé Dewgurh ; Tyrannoboas, sur l’emplacement qu’occupe maintenant Bugmuntjur. Pas une rivière débouchant à la côte qui n’ait à la fois son port et son comptoir. Plus au midi encore, vous trouverez les îles Sesecriænæ, groupe à la hauteur de Malwan, dont l’îlot principal porte de nos jours le nom de Singi-Drog; puis viennent les îles des Ægidiens, qui ne peuvent avoir été que les îles Vingorla ou îles brûlées; vous arrivez enfin à l’île des Cæaites, situées en face de la presqu’île du même nom: sur cette presqu’île s’élève aujourd’hui la ville de Murmagar ; l’île des Cænites est incontestablement l’île Saint-George; nous sommes à l’entrée de la baie de Goa.

Les restitutions sont faciles dans ces pays où rien ne se transforme; l’immobile Orient est fait pour la joie des érudits. La côte de Limyrice que nous allons aborder ne nous réserve pas de moindres satisfactions que le littoral de la Dachinahade. Voici d’abord Raura, dont le nom à peine altéré se retrouve dans Honore; Tyndis, que nous nommerions aujourd’hui Koundapour; Muzitis devenue dans la suite des siècles Molky ou Mangalore; Nelcynda, « aujourd’hui, dit Müller, Nelisseram. » C’est à Mnziris et à Neleynda que se faisait, au temps de l’auteur du Périple, le principal commerce.

Tyndis, grand bourg maritime, fait partie des états de Ceprobotra, roi de la province de Kerala; Muziris appartient au même royaume. L’importance de Muziris lui vient de l’affluence des vaisseaux qui y sont expédiés de l’Ariace et des navires grecs qui y arrivent d’Égypte. Cette ville est située sur le bord d’un fleuve,