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républicains ou non, avocats ou ingénieurs, avaient conclu à la pratique du système adopté sous l’empire pour l’extension des voies ferrées, et, s’il n’avait pas été donné suite aux conventions préparées en 1880 et en 1882 avec la compagnie d’Orléans, l’étude et la présentation de ces projets attestaient que le gouvernement, après avoir passé en revue toutes les combinaisons, était revenu au point de départ et demeurait persuadé que, pour l’exécution des nouvelles lignes, le concours des compagnies était indispensable. — De même, les conseils d’administration des compagnies, observant avec soin les mouvemens d’opinion qui se produisaient dans le monde parlementaire et financier, avaient dû se préoccuper de la création du troisième réseau et, prévoyant les différentes éventualités, se tenir prêts soit à défendre les intérêts dont ils avaient la garde contre les menaces de concurrence ou même de dépossession, soit à négocier en vue d’arrangemens amiables. — Le gouvernement et les compagnies se trouvaient donc en mesure d’ouvrir sans retard les négociations prévues et même indiquées au cours de la discussion du budget extraordinaire de 1883, et l’on était, de part et d’autre, également désireux de s’entendre. Toutefois ces bonnes dispositions ne supprimaient pas les difficultés à résoudre. Si la majorité de la chambre s’était résignée à ce que le gouvernement traitât avec les compagnies, elle avait réservé certains points sur lesquels sa volonté paraissait devoir être inflexible; elle s’était prononcée à l’avance contre toute atteinte portée au droit de rachat ; et elle avait annoncé la résolution de transférer, ou plutôt, suivant sa doctrine, de restituer au gouvernement le droit absolu de régler les tarifs. Cette question des tarifs, jointe au nombre et à la complication des clauses financières qui étaient à débattre, aurait pu, en d’autres circonstances, compromettre le succès des négociations; mais les parties intéressées avaient tant de hâte d’en finir qu’elles se rencontrèrent promptement dans la voie des transactions et des compensations équitables. Dès le 11 juin 1883, le ministre des travaux publics, M. Raynal, fut en mesure de présenter à la chambre les projets de loi relatifs aux conventions passées avec les compagnies de Lyon, du Nord, de l’Est et du Midi. La convention avec la compagnie d’Orléans fut déposée quelques jours plus tard, et la convention avec la compagnie de l’Ouest, le 17 juillet.

Le but à atteindre au moyen de ces traités était double : premièrement, il s’agissait d’assurer l’exécution du troisième réseau en répartissant les lignes entre les six compagnies et le réseau du chemin de fer de l’état dont on voulait conserver et améliorer la configuration ; en second lieu, il fallait organiser un mécanisme financier, qui, mettant les ressources des compagnies au service du