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subventionnée pour cela par le gouvernement, a créé un laboratoire d’incubation au moyen duquel elle fait jeter dans les cours d’eau du pays annuellement 100,000 alevins de saumon et de truite saumonée. Une société se forma, en 1871, au capital de 420,000fn, pour la création à Velp, près Arnheim, d’un vaste établissement de pisciculture qui vend à l’état ses alevins, mais qui, au dire de M. Chabot-Karlen, ne semble pas appelé à un bien grand avenir. Les rivières ont été si bien repeuplées que, pour les pêcheries de l’état, le prix de location a triplé depuis quelques années et a passé de 100,000 francs à 300,000 francs. La Hollande, possédant les embouchures du Rhin, est dans une situation privilégiée pour la pêche du saumon. Il suffit, en effet, aux pêcheurs de ce pays de barrer le fleuve avec des filets, au moment de la montée de ce poisson pour en prendre des quantités prodigieuses, sans en laisser passer un seul. Sur les réclamations de la Suisse et de l’Allemagne, qui se trouvaient ainsi privées de cette aubaine, elle s’est engagée à laisser le fleuve libre pendant deux heures par jour.

Dans le grand-duché de Luxembourg, M. Koltz a créé, en 1873, à Ettelbruch, pour le compte de l’administration des forêts, un établissement en vue du repeuplement d’une partie du bassin de la Moselle. Il se compose d’une chambre louée 100 francs par an dans un moulin et comprend, pour tout personnel, un garde qui, sous la surveillance d’un garde général, fait toutes les opérations de pisciculture. Avec l’acquisition des œufs qu’on se procure tout fécondés à l’étranger, la dépense annuelle s’élève à 1,200 francs environ. Cette faible somme a suffi pour repeupler en saumons et en truites tous les cours d’eau de la contrée, au point que certains cantonnemens de pêche qui se louaient 30 francs en rapportent aujourd’hui 300, et que l’arrondissement d’Ettelbruch livre à lui seul 25,000 kilogrammes de truites à la consommation. Cet exemple est à citer à ceux qui, chez nous, rêvent de rétablir sur d’autres points la fastueuse installation de Huningue.

En Belgique, les procédés artificiels de pisciculture n’ont donné jusqu’ici aucun résultat appréciable ; il faut espérer mieux d’un projet de loi sur le repeuplement des eaux qui a récemment été soumis aux chambres et qui ne tardera pas sans nul doute à faire sentir ses effets. En Italie, non plus qu’en Espagne, la pisciculture fluviale ne paraît pas être sortie de la période des expériences isolées. En Algérie, on a réussi à introduire des cyprins, mais les tentatives faites pour les salmonidés ont avorté.

Le produit des pêches ayant sensiblement diminué en Russie, le ministre du domaine provoqua, en 1865, l’adoption d’une nouvelle législation sur la pêche, et des mesures administratives ayant pour