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Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 60.djvu/605

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et de nasses flottantes ou fixées à des perches. Dans les rivières, on le prend surtout à la ligne. On évalue aujourd’hui la production de la pêche du saumon à 1 million de kilogrammes, d’une valeur de 2,500,000 francs. Une grande partie est expédiée dans de la glace en Angleterre, d’où elle est exportée à l’état de conserve dans le monde entier. Beaucoup de propriétaires norvégiens afferment le droit de pêche dans leurs rivières, à des prix assez élevés, à des amateurs anglais qui viennent chaque année se livrer dans ce pays pittoresque à ce genre de sport.

Il résulte de cette revue rapide de l’état de la pisciculture dans les différens pays de l’Europe que, dans ces dernières années, tous les gouvernemens se sont préoccupés du dépeuplement des rivières et que tous, soit par la réforme de la législation, soit par des encouragemens divers, ont cherché à y parer. Un fait généralement constaté, c’est que partout où la pêche appartient aux riverains, c’est-à-dire à personne en particulier, la dépopulation des eaux est inévitable, chacun cherchant à s’emparer de tout le poisson possible, sans faire le moindre sacrifice pour reconstituer une richesse dont il n’est pas seul à profiter. L’abondance ne s’est maintenue que dans les cours d’eau appartenant à de grands propriétaires, ou exploités par des associations qui ont intérêt à ne pas tarir par des procédés abusifs la source de leurs revenus. La fécondation artificielle, sur laquelle on fondait de si grandes espérances, qu’on a été jusqu’à l’appeler la plus belle découverte du siècle, est impuissante à augmenter la population des rivières là où la législation est insuffisante; et l’on peut presque ajouter qu’elle est inutile là où la loi est assez efficace pour mettre le poisson à l’abri des causes de destruction. Des divers établissemens de pisciculture, les seuls qui paraissent donner des bénéfices sont ceux qui font le commerce des œufs embryonnés et ceux qui peuvent se procurer une nourriture assez économique pour élever les poissons en stabulation et les expédier directement sur le marché. Cette circonstance ne se rencontre que très exceptionnellement pour les espèces voraces, mais elle est assez commune pour les autres.


IV.

En France, le dépeuplement des rivières est un fait constant et qui ne date pas d’hier. On sait qu’autrefois tous nos cours d’eau étaient très poissonneux, que les saumons remontaient les fleuves jusqu’à leur source, et que le poisson entrait pour une forte part dans l’alimentation du peuple. Aujourd’hui la consommation ne