Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 60.djvu/620

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Saint-Samson de Douai. L’abbaye de Daphné en Grèce était affiliée à celle de Bellevaux en Franche-Comté ; celle de Civetot sur la Propontide à la grande abbaye de Cluny. L’ordre italien de San Jacobo d’Altopasso, institué pour la protection de certain pèlerinage, était en relation avec Saint-Jacques du Haut-Pas à Paris. Ces diverses maisons possédaient de grandes propriétés dans toute la chrétienté. Pendant la lente agonie du royaume chrétien de Jérusalem, chacun des groupes orientaux mit en sûreté ses titres; on les envoya le plus souvent aux maisons occidentales correspondantes. Les quatre ordres hospitaliers, chevaliers de Saint-Jean, Teutoniques, Saint-Lazare et Templiers, transportèrent aussi leurs archives. — Si l’on veut bien maintenant recueillir les traces de ces émigrations, si l’on interroge soigneusement en France les papiers provenant de nos anciennes maisons religieuses, en y recherchant les titres des antiques fondations orientales, on sera étonné du nombre d’informations exactes qu’on découvrira sur la topographie, l’administration, les lois et les mœurs.

C’est dans cette voie que plusieurs membres de l’École française de Rome, pour qui M. Riant était devenu un conseiller assidu et un excellent maître, ont atteint d’heureux résultats. J’ai déjà dit ici même[1] quelques mots des travaux entrepris ou publiés par MM. Durrieu, Delaville Le Roulx et François Delaborde. En dehors des vastes enquêtes d’après les archives de Malte et de Naples dont ils préparent l’entière publication, après en avoir donné des fragmens dans la Bibliothèque ou dans les Mélanges de l’École française, MM. Durrieu et Delaville Le Roulx ont fait paraître, sous les auspices de la Société de l’Orient latin, plusieurs monographies dont les informations recueillies et mises en œuvre avec une sûre critique augmentent notre connaissance des institutions françaises suscitées en Orient par le grand mouvement des croisades. De son côté, M. François Delaborde, qui porte dignement un nom respecté, a su se servir des indications données par M. le chanoine Carini, des archives de Palerme, pour retrouver parmi les fonds des couvens supprimés de Messine des pièces originales du XIIe et du XIIIe siècle provenant de la célèbre abbaye de terre-sainte, Notre-Dame de Josaphat. Cette communauté bénédictine avait été fondée ou peut-être confirmée par Godefroy de Bouillon au lendemain de la conquête pour desservir le tombeau de la Vierge ; mais M. François Delaborde fait l’importante remarque que nous avons, dans un rapport adressé de Palestine à Charlemagne, la preuve qu’il y avait en ce lieu, un groupe de moines et de religieuses

  1. Voyez, dans la Revue du 1er juillet 1883 : l’Ecole française de Rome, ses premiers travaux.