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REVUE DRAMATIQUE

Odéon : Severo Torelli, drame en 5 actes, en vers, de M. François Coppée. — Comédie-Française : Bertrand et Raton (reprise).

M. François Coppée triomphe à l’Odéon. La fortune a permis que son ouvrage de maîtrise, Severo Torelli, fût représenté sur cette scène où parut son premier ouvrage, le Passant. Les voies de la fortune sont mystérieuses : faut-il admirer la gratitude de l’auteur ou la négligence de la Comédie-Française? Après quinze années, c’est à l’Odéon que le drame en cinq actes se fait applaudir; sur ces mêmes planches où la précieuse et légère petite pièce gagna d’abord au poète la faveur du public.

De quelle sorte est ce drame? On aura tôt fait de l’appeler romantique : la recherche de la couleur locale, la libre ordonnance des scènes, — au moins dans le premier et le troisième actes, — l’éloquence lyrique du discours, enfin, dans quelques incidens et dans le tour de quelques vers, des réminiscences de Victor Hugo, excuseront cette erreur. Pourtant que l’on regarde au fond des choses : on verra que ce drame n’est pas un conflit d’événemens, mais une crise d’âme ; on s’apercevra, d’ailleurs, que, s’il s’y trouve peu de matière, assurément c’est par choix, et non par indigence; on reconnaîtra que l’auteur, après avoir institué avec force une expérience sur un caractère, n’a eu soin que d’étudier les changemens de ce caractère dans cette épreuve jusqu’à l’acte final qu’ils déterminent : alors on avouera que c’est ici l’œuvre originale d’un poète, faite des éléments les plus purs que puisse employer l’art, et non le produit tardif de la fabrique; romantique. — Un jeune homme jure de tuer le tyran de sa patrie;