Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 60.djvu/947

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins de l’intérêt qu’il offre même à ceux qui ne se piquent pas autrement de science et aux amis des belles illustrations.

Un autre bon ouvrage, dont le quatrième volume ne saurait manquer de recevoir le même accueil que les trois premiers, c’est le Monde physique[1] de M. Amédée Guillemin. Il y est traité de la chaleur. Ce qu’il y a de remarquable dans les livres de M. Guillemin, c’est l’aisance et la clarté parfaites avec lesquelles, sans formules ni calculs, il sait conduire le lecteur des principes généraux de la science à ses applications pratiques les plus usuelles. — Le livre de M. Louis Figuier sur les Nouvelles conquêtes de la science[2] vise un autre but. Supposant les principes connus, M. Figuier se donne pour tâche d’en exposer les plus récentes et saisissantes applications. Ce premier volume est uniquement consacré aux progrès nouveaux de l’électricité. Très attentif, depuis longues années, au mouvement scientifique, les nombreux documens amassés par M. Figuier lui permettaient de vivifier par le détail biographique et anecdotique un ouvrage de ce genre. Il a même l’art d’y mettre l’émotion, et presque le drame, en y suivant pour ainsi dire jour à jour les déceptions ou les triomphes des inventeurs, et nous faisant toucher au doigt de combien d’expériences manquées et d’espérances trahies se composent parfois les découvertes.

Tandis que M. Figuier nous raconte les dernières applications de la science, c’en sont les premières que M. de Rochas nous retrace dans son livre sur les Origines de la science[3]. Il y traite successivement de l’origine du feu, de la statue de Memnon, des prestiges des temples, des automates d’Héron, des miroirs ardens, des machines de guerre chez les anciens. Le sujet est fécond en rapprochemens curieux. On est tenté parfois, en contemplant les œuvres des anciens, de se demander si nous n’avons pas « retrouvé » depuis eux bien des choses qu’ils connaissaient et dont la tradition se serait, on ne sait trop comment, perdue. À ceux qui seraient curieux de ce petit problème, le livre de M. de Rochas fournira d’utiles indications. Il fait partie de cette Bibliothèque de la nature que M. Gaston Tissandier dirige, et pour laquelle il vient de publier lui-même un très intéressant recueil « d’Études météorologiques » sous le titre de : l’Océan aérien[4].

À la suite de tous ces ouvrages, sa forme humoristique ne nous empêcherait pas de placer le livre de M. E. Calvet : Dans mille ans[5], si toutefois l’auteur y avait mieux tenu la promesse de son titre. Ce n’est décidément pas, il faut en convenir, un art facile que de prolonger en quelque sorte la science par un jeu de l’imagination ; et le nombre de

  1. 1 vol. in-8o ; Hachette.
  2. 1 vol. in-8o ; Marpon et Flammarion.
  3. 1 vol. in-8o ; Masson.
  4. 1 vol. in-8o ; Masson.
  5. 1 vol. in-8o Ch. Delagrave.