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comme les emplacemens pour le parcage des huîtres font défaut, l’administration de la marine a imaginé de transformer en claires d’anciens marais salans. Elle a fait au Croisic et aux Sables-d’Olonne des expériences qui ont parfaitement réussi et qui permettront d’utiliser des terrains improductifs pour l’engraissement et l’élevage des jeunes huîtres achetées aux pêcheurs, ou produites artificiellement le long des côtes. Plusieurs tentatives ont également été faites dans la Méditerranée ; on peut citer, entre autres, le parc de Bregaillon, sur les bords de la Seyne, où M. Malespine élève et reproduit non-seulement des huîtres, mais des moules, des clovisses et autres coquillages, recherchés sur les côtes de la Provence.

La mise en exploitation d’un parc d’huîtres d’un hectare d’étendue exige une mise de fonds de 7,000 à 8,000 francs pour l’aménagement du terrain et l’achat des appareils nécessaires. Quant au produit, il varie beaucoup suivant les emplacemens plus ou moins favorables, suivant l’habileté de l’ostréiculteur et suivant l’abondance de l’émission du naissain. Les concessions sont accordées par l’administration de la marine, qui réserve aux inscrits maritimes une partie des terrains propres à l’ostréiculture et concède les autres moyennant redevance, aux personnes qui lui semblent aptes à ce genre d’industrie. Elle ne néglige rien d’ailleurs pour éclairer la population sur les meilleurs procédés à employer, et depuis quelques années, des professeurs sont chargés par le ministère de l’instruction publique, d’accord avec celui de la marine, d’aller sur les lieux d’élevage faire des conférences sur cet objet, qui intéresse à un si haut point la prospérité de nos côtés[1].

Ces efforts ont déjà porté leurs fruits ; le nombre des parcs, claires ou dépôts d’huîtres, s’élève aujourd’hui à 33,334 ; ils couvrent une superficie de 8,966 hectares et sont détenus par 28,547 personnes, dont 10,706 dépendent.de l’inscription maritime.

En 1881, 680,372,750 huîtres, provenant tant de ces parcs et dépôts que de la pêche à pied et en bateau, ont été vendues au prix de 17,951,114 francs. La pêche proprement dite entré dans le chiffre ci-dessus pour 374,985,770 huîtres, d’une valeur de 2,061,753 francs ; les parcs et claires pour 305,386,980 d’une valeur de 15 millions. La différence entre les prix tient à ce que les huîtres de pêche ne sont pas vendues directement aux consommateurs, mais aux propriétaires des claires et dépôts répartis sur tout le littoral, qui les conservent dans leurs bassins jusqu’à ce qu’elles soient comestibles. En 1865, la production huîtrière représentait une valeur

  1. M. le docteur Brocchi, maître de conférences à l’Institut agronomique, qui depuis deux ans a fait des cours d’ostréiculture et de pisciculture sur divers points de nos côtes occidentales, a inauguré cette année ses conférences dans le bassin de la Méditerranée.