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La dépréciation a été considérable pour toutes les grandes valeurs. Les titres de la compagnie de Suez ont été frappés avec une rigueur v extrême, les actions du chemin de fer de Lyon ont perdu plus de 300 fr. Le Nord et le Midi ont également beaucoup baissé, et il en est de même du Crédit foncier, de la Banque de France, de la Banque de Paris, de la Banque ottomane, de presque tous les titres des établissemens de crédit, et d’un grand nombre d’actions d’entreprises industrielles, ou de transports ou de mines, qui ont souffert du ralentissement général des affaires et dont les inventaires de fin d’année accuseront des bénéfices en diminution.

Cette situation est-elle de nature à se modifier au début ou dans le cours de l’année prochaine ? Au point de vue financier, nous sortons d’un budget en déficit pour entrer dans un autre budget en déficit ; le commerce et l’industrie languissent, la concurrence étrangère est difficile à vaincre ; les capitaux ou sont moins importans qu’on ne le dit, ou se montrent plus méfians que jamais ; les suites du krach de 1881 continuent à se dérouler, et la série des désastres légués par cette crise est loin d’être close.

Toutefois un fait économique d’une extrême importance vient d’obtenir ce mois-ci sa consécration définitive. L’achèvement du réseau de nos voies ferrées est remis par les conventions aux grandes compagnies. L’état n’aura plus à supporter de ce chef que des charges relativement minimes, et le régime des chemins de fer est consolidé, en France, pour une période de temps qui peut paraître indéfinie. Les dernières assemblées des compagnies se sont tenues pendant cette quinzaine, et toutes les conventions sont approuvées. Les compagnies auront, en 1884, d’importans capitaux à emprunter ; il n’est pas impossible que la connexité et la solidarité d’intérêts que les conventions ont établies entre l’état et les compagnies provoquent l’an prochain un vigoureux effort de la haute banque pour réagir contre le pessimisme qui n’a cessé de régner en maître à la Bourse en 1883.

La Banque de France s’est maintenue au-dessus de 5,100 francs, coupon de 106 francs détaché. Cette fermeté est d’autant plus remarquable que le dividende du second semestre de 1883 est inférieur de 19 francs à celui du semestre correspondant de 1882. Le Crédit foncier a repris sans peine et dépassé le cours de 1,200 francs. Cet établissement va répartir en janvier un acompte de 80 francs sur le dividende de 1883, ce qui suppose la distribution en juillet prochain d’un solde égal, ce qui donnerait en tout pour l’exercice 60 francs, soit 5 francs de plus que les actionnaires n’ont reçu pour 1882.

La Société générale est très offerte à 477, ainsi que le Mobilier à 330. Le Crédit Lyonnais, la Banque franco-égyptienne, la Banque d’escompte, le Comptoir d’escompte, sont immobiles. L’année qui finit a