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été extrêmement dure pour les banques qui trouvaient naguère dans les émissions leur principale source de bénéfices.

Les actions des chemins français se sont relevées en même temps que les rentes. La valeur de l’action du Paris-Lyon-Méditerranée est l’objet d’ardentes discussions, que la publication même du rapport de la compagnie à l’assemblée générale extraordinaire du 24 n’a pu calmer. Il s’agit de savoir si l’état a garanti ou non un dividende minimum de 55 francs. Il résulte des explications du conseil que cette garantie, pour n’être pas explicitement formulée, n’en résulte pas moins des clauses de la convention, et que, si le dividende devait une fois exceptionnellement descendre au-dessous de ce niveau, ce ne serait que parce que la compagnie aurait tenu précisément à ne pas faire appel à cette garantie de l’état.

Les Chemins étrangers sont tous cotés en reprise, les Autrichiens et les Lombards surtout, dont le véritable marché est maintenant à Vienne et à Berlin.

Les Obligations de la ville de Paris, des grandes compagnies de chemins de fer, du Crédit foncier, et de quelques grandes entreprises industrielles conservent une excellente tenue et restent le placement préféré de la petite épargne. Parmi les valeurs industrielles, peu sont en hausse ; nous devons citer, parmi les privilégiées, l’action du Gaz, sur laquelle les acheteurs escomptent l’impression probable du rapport des experts, que l’on croit devoir être favorable à la compagnie. Les Voitures et les Omnibus ont fléchi lentement et se capitalisent sur un rendement probable de 35 francs pour les unes, de 65 francs pour les autres. L’action Suez a été tour à tour précipitée au-dessous, puis relevée au-dessus du cours de 1,900 francs. Les clauses de l’arrangement avec les armateurs donnent lieu à un débat si passionné, à des controverses si actives, qu’il devient douteux que l’arrangement puisse être approuvé et appliqué dans sa forme actuelle.

Les fonds étrangers ont échappé, en général, à la dépréciation qu’ont eue à subir les valeurs françaises. Il faut faire exception pour les titres d’Egypte, auxquels la victoire du mahdi dans le Soudan a fait autant de tort qu’en avait déjà fait le bruit de l’évacuation partielle du pays par les troupes anglaises, et aussi pour les valeurs ottomanes, sur lesquelles une spéculation engagée depuis longtemps à la hausse semble bien près de perdre tout à fait courage, bien que la réorganisation des finances de la Turquie ne soit plus absolument un mythe et ait trouvé, dans l’organisation du conseil d’administration des revenus concédés pour le service de la dette, un commencement très appréciable de réalisation.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.