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dieux de l’Olympe, le Parnasse, Apollon chez Admète, Mercure et Argus, l’Enlèvement d’Europe, Écho et Narcisse, Diane et Actéon, ou bien le Débarquement de Cléopâtre, l’Embarquement de sainte Ursule, celui de sainte Paule, Saint Philippe baptisant le ministre du roi d’Ethiopie, etc. D’autres enfin, mais plus rares, sont de simples épisodes de la vie pastorale : la Fête villageoise, le Bouvier, le Gué, etc.

A vrai dire, en traitant des sujets si variés, Claude ne se préoccupe guère de leur signification ni des convenances historiques dont il pourrait avoir à tenir compte. C’est au milieu des mêmes palais, antiques ou modernes, qu’il place indistinctement Cléopâtre ou la reine de Saba, Ulysse ou sainte Paule, Agar ou sainte Ursule et ses compagnes. Ces anachronismes d’ailleurs ne lui sont point particuliers. Excepté chez Poussin, qui, plus cultivé, plus désireux de mettre, — autant que le permettait l’état des connaissances archéologiques à cette époque, — le décor de ses paysages en rapport avec les épisodes qu’il y introduit, on pourrait les relever chez presque tous les peintres d’alors. Ce que Claude demande à un sujet, c’est tout simplement, avec le titre de son tableau, un motif qui s’encadre harmonieusement dans les lignes et l’effet de son paysage. Sans trop s’embarrasser de la géographie ni de l’histoire, il cherche à en varier de son mieux les dispositions pittoresques, et quand on passe en revue l’ensemble de son œuvre, on peut voir qu’il a imaginé une grande diversité dans ces combinaisons. Mais lorsqu’il tient un arrangement qui lui plaît, il n’éprouve aucun scrupule à le répéter. Non-seulement il en reproduit plusieurs fois la silhouette générale, mais, dans ses ouvrages, on pourrait noter certains détails qui y jouent les rôles de grandes utilités et qui sont devenus pour lui de véritables passe-partout. Tels sont, par exemple, le palais Médicis et surtout ce temple romain, dont la colonnade, engagée le plus souvent dans le cadre, laisse entrevoir un bouquet de végétation vigoureuse qui, en se profilant sur le ciel, établit un contraste heureux avec le ton moyen des fabriques et l’éclat lumineux de l’atmosphère. Placées tantôt à droite, tantôt à gauche, tantôt au premier plan et tantôt dans le lointain, ce sont là des coulisses commodes dont Claude essaie successivement tous les arrangemens. D’autres élémens pittoresques, certains massifs d’arbres, ou bien encore les fûts de colonnes ou les bas-reliefs mutilés, qu’il sème parmi les gazons, sent utilisés avec la même industrieuse sollicitude par le peintre. Il ne se lasse point de les employer, et quand il a trouvé une invention à son goût, on peut bien compter qu’il l’épuisera.

Laborieux comme il le fut, Claude a donc beaucoup produit, mais il s’est assez souvent répété. Sans entrer dans le détail de ses ouvrages, nous essaierons de les ramener à quelques types