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pas laisser une place suffisante à l’étude organique des langues. En revanche, elle avait le mérite d’être éprouvée, d’avoir donné, malgré ses défauts, d’excellens résultats et d’être, sinon très scientifique, ce qui, en somme, importait assez peu, du moins très pratique et très appropriée à de jeunes esprits.

Les changerais apportés par la nouvelle méthode à ces vieilles pratiques ont été de deux sortes : ils ont modifié le caractère ou diminué l’importance de certains exercices ; ils ont complètement supprimé les autres. Par exemple, et pour commencer par le commencement, prenons la grammaire. On ne renseigne plus aujourd’hui comme autrefois par une série d’exemples qu’on faisait apprendre aux enfans par cœur et dont on tirait ensuite la règle, sans plus approfondir. On a la prétention de les faire pénétrer beaucoup plus avant dans le génie de la langue et de leur donner, d’après la méthode historique et comparative, la raison des tournures ou la valeur des flexions qu’ils rencontrent. Il faut qu’ils sachent non-seulement d’une façon générale la signification et le rôle du substantif, de l’adjectif et du verbe dans le discours, on leur demande encore de connaître « le rôle des diverses parties qui entrent dans leur composition, savoir : 1° le radical qui donne le sens du mot ; 2° le suffixe qui détermine ou modifie le sens et qui, dans les substantifs ou adjectifs, fait partie exclusivement du radical, mais dans les verbes fait partie exclusivement du radical du présent et de l’imparfait, c’est-à-dire est en dehors du radical verbal ; 3° les caractéristiques de temps et de modes ; 4° les désinences qui indiquent les cas dans les substantifs, les personnes dans les verbes (désinences casuelles, désinences personnelles)[1]. »

Ce n’est pas tout : à ces notions fondamentales vient s’ajouter « la phonétique, c’est-à-dire la théorie des modifications que subissent les voyelles et les consonnes[2]. » Tels sont les principes généraux d’après lesquels ont été rédigés les nouveaux programmes. Ces principes sont excellens, sans doute, en eux-mêmes, et personne n’en conteste la valeur absolue ; ils ont renouvelé l’étude de la grammaire, ils en ont chassé l’empirisme et lui ont enlevé ce qu’elle avait d’artificiel. Mais, et c’est toujours à ce côté de la question qu’il en faut revenir, sont-ils bien à leur place dans les classes de nos collèges, et spécialement dans les basses ? Ouvrons les programmes et détachons-en quelques parties :

« LANGUE FRANÇAISE. — Cinquième : traduction en français moderne de passages d’auteurs du xvi° siècle ; quatrième : notions

  1. Chassang, Grammaire grecque.
  2. Ibid.