Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 62.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Chevreuse (1855) ; — Madame de Hautefort (1856) ; — le Grand Cyrus et la Société française au XVIIe siècle (1858) ; — Madame de Longueville pendant la fronde (1859) ; — la Jeunesse de Mazarin (1860) ; — le Connétable de Luynes, — resté inachevé.

Quelles ont été les doctrines littéraires de Cousin ? Il semblerait assez naturel, d’après les principes de sa philosophie, d’attendre de lui, en littérature comme en philosophie, une doctrine d’éclectisme. Ce ne fut pas du tout son rôle. L’éclectisme en littérature est représenté par Villemain et non par Cousin. C’est Villemain qui a cherché une moyenne et une transaction entre l’école classique et l’école romantique, entre l’admiration de nos chefs-d’œuvre et celle des chefs-d’œuvre étrangers, entre Racine et Shakspeare ; mais lorsque Cousin est arrivé à la critique littéraire, il n’était plus, à proprement parler, éclectique ; il avait fait son choix et il avait pris définitivement parti pour la philosophie spiritualiste du XVIIe siècle. Pour la même raison, il prit la défense de la littérature du grand siècle. Il fut classique comme il était cartésien. Ses doctrines littéraires vinrent donc se rencontrer avec celles d’un autre critique éminent et illustre dont le rôle avait été précisément, en présence du romantisme et de l’éclectisme, de sauver et de relever les grandes doctrines de la tradition classique, M. Nisard. Cousin fut donc classique ainsi que M. Nisard ; mais il le fut différemment. L’un et l’autre admiraient le grand siècle, mais non pas la même époque dans le même siècle. Pour M. Nisard, l’idéal de la littérature française, c’est le règne de Louis XIV. Pour Cousin, c’est le règne de Louis XIII et l’époque de la fronde ; pour lui, c’est la première moitié du XVIIe siècle qui est le grand siècle ; pour M. Nisard, c’est la seconde. Ce que Cousin met au-dessus de tout, c’est la grandeur ; ce que M. Nisard admire plus que tout, c’est la perfection. Pour Cousin, les plus grands hommes du règne de Louis XIV viennent de plus loin et ils ont leur origine dans la première moitié du siècle ; pour M. Nisard, c’est Louis XIV qui a imprimé le cachet de sa majesté, de sa haute raison, aux hommes qu’il a su grouper autour de lui.

La littérature française de la première période n’a pas eu ce caractère d’élégance polie et soutenue, de noblesse convenue que l’on a reproché, à tort ou à raison, à la littérature du XVIIe siècle et que l’on a attribué à l’influence de cour. Nos plus grands écrivains datent d’un temps ; où la vie sociale était loin d’être aussi complètement arrangée, aussi brillamment paisible que sous Louis XIV. Ils sont nés et se sont développés sous Richelieu, dans le temps des conspirations et des échafauds ; ils ont traversé la guerre civile, ils ont connu des temps graves et terribles. La perfection du goût n’avait pas encore éteint la mâle vigueur des