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l’empire d’Occident, qui se débattait alors contre les barbares. Quant à l’université de Constantinople, il appartient à ceux qui s’occupent de l’empire byzantin de savoir quelles furent ses destinées et ce qui est advenu dans la suite de l’œuvre de Théodose II.


V

Nous sommes arrivés à la pleine organisation de l’instruction publique vers la fin de l’empire ; faisons un retour sur l’époque qui a précédé. Essayons d’avoir quelque idée d’une école romaine au IIIe et IVe siècles de notre ère ; demandons-nous ce qu’on y faisait, comment on y vivait et s’il nous est possible de faire quelque connaissance avec les maîtres et les élèves. Sur toutes ces questions, les auteurs anciens sont loin de satisfaire notre curiosité ; ils nous donnent pourtant quelques renseignemens qu’il est utile de recueillir.

Alors, comme aujourd’hui, une école se composait d’un certain nombre de professeurs réunis ensemble, dans un local commun, pour l’instruction de la jeunesse : il est impossible que cette réunion n’ait pas eu son chef. Les Romains avaient trop le respect et de l’ordre et de la discipline pour croire que ces établissemens pouvaient se passer d’une direction. Il est, en effet, question, à propos de l’école d’Autun, de celui qu’on appelle le premier des maîtres, summus doctor ; celui-là, paraît bien avoir la haute main pur le reste : c’est un personnage important, qu’on paie beaucoup plus que ses collègues et que l’empereur su donne la peine de choisir lui-même. Il est vraisemblable qu’il était professeur dans l’école en même temps qu’il la dirigeait, et que sa situation devait être à peu près celle des doyens de nos facultés, mais c’est tout ce que nous en savons.

Nous venons de voir que l’école de Constantinople, la plus importante de l’empire, comptait trente et un professeurs : vingt grammairiens, huit rhéteurs, deux jurisconsultes et un philosophe. Cette liste, si on la compare à celles des universités d’aujourd’hui, nous parait fort incomplète. Sans parler de la médecine, qui s’apprenait alors d’une façon particulière, nous sommes étonnés de voir que les sciences exactes n’y figurent pas. Elles n’étaient pas enseignées par des maîtres spéciaux ; le grammairien devait bien en donner quelques notions à ses élèves, mais il avait tant d’autres choses à faire qu’il ne pouvait pas trouver le temps de les approfondir. Malgré ces lacunes qui nous surprennent, soyons assurés qu’à Constantinople l’enseignement devait être beaucoup plus tendu et plus varié qu’ailleurs. D’abord, dans les autres écoles, nous ne rencontrons plus de jurisconsultes. Le droit, cette science