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les écoles publiques ; selon le mot de Grégoire de Nazianze, il les avait chassés de la science, comme des voleurs du bien d’autrui. Mais il restait beaucoup de villes favorables au christianisme, et, pour que l’édit reçût son exécution, il fallait surveiller les choix qu’elles pouvaient faire. Julien décida, par une loi de 362, que comme il ne pouvait pas s’occuper de tout, les professeurs seraient désignes par les curiales, ce qui, comme on l’a vu se faisait ordinairement ; mais il ajouta, ce qui était nouveau, que le choix des curiales devrait être soumis à l’empereur ; « afin », disait-il, « que son approbation donne un titre de plus à l’élu de la cité ». Nous ne voyons pas que, dans la réaction qui suivit la mort de Julien, cette loi ait été rapportée, et l’on peut croire qu’à partir de ce moment l’empereur participa, d’une manière officielle et régulière, à la nomination de tous les professeurs de l’empire.

Le dernier progrès dus cette voie fut accompli en 425, sous l’empereur Théodose II, par la fondation de l’école de Constantinople. Elle fut établie dans le Capitole de la ville impériale, sous les trois portiques du nord, qui contenaient de vastes ; exèdres, et qu’on agrandit encore en achetant les maisons voisines. On multiplia le nombre des salles et on les éloigna les unes des autres pour qu’aucune leçon ne fût gênée par le bruit que faisaient les élèves dans le cours voisin. Les professeurs étaient au nombre de trente et un : trois rhéteurs et dix grammairiens, latins ; cinq rhéteurs et dix grammairiens grecs ; un philosophe, deux jurisconsultes.

C’est ainsi que fut créée ce que nous pourrions appeler l’université de Constantinople. Cette fois, c’était bien l’autorité impériale qui prenait l’initiative de la création. La loi ne dit pas, qui doit fournir à la dépense, mais il est assez probable qu’elle est prise sur le trésor public. Ce qui est sûr, c’est que les professeurs sont traités comme des fonctionnaires, et l’empereur règle qu’après vingt ans de bons services, si l’on n’a rien à leur reprocher, ils recevront, en même temps que leur retraite, la dignité de comtes du premier ordre et seront mis sur le même rang que les ex-vicarii. L’enseignement de l’état est fondé, et il est curieux de voir que le jour même où il commence d’exister, il s’attribue aussitôt le monopole. En même temps que la loi interdit aux professeurs de l’université de donner aucune leçon, en dehors du Capitole, on défend aux autres d’ouvrir aucune écale publique. Ils pourront continuer à enseigner dans l’intérieur des familles infra privatos parietes ; mais, s’ils se font accompagner au dehors, par leurs élèves, s’ils les réunissent dans une maison spéciale, ils seront punis des peines les plus sévères et chassés de la ville.

Quoique la loi soit signée par Valentinien III, aussi bien que par Théodose, nous ne savons pas si elle eut un contrecoup dans