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Le capital social est de 50 millions, ses fonctions sont celles de toute maison de banque et consistent à contracter des emprunts publics, faire des prêts et avances sur titres, exploiter ou faire exploiter des régies de contributions, établir des succursales dans les provinces ou à l’étranger, etc. Les intérêts des actions sont payables à Constantinople ou à Londres : c’est une doublure de la Banque ottomane moins le succès. Les opérations du Crédit général ottoman se sont étendues à d’autres pays que la Turquie, à l’Espagne, à l’Amérique, etc. Il a participé à l’émission des obligations émises pour la construction des chemins de fer de la Turquie d’Europe, à savoir les Lots turcs, à l’émission des bons du trésor de 1868 et de 1872, aux emprunts ottomans de 1871, 1873, 187a, aux grosses avances de 1875, et a pris, en conséquence, une part proportionnelle dans les derniers arrangemens contractés avec l’état : il a, de ce chef, droit de recevoir une quantité déterminée des nouveaux titres à émettre, mais on doute qu’il puisse rentrer même par ce moyen dans son capital intégral ; en cas de liquidation, ses actionnaires subiraient une perte, leurs titres dès à présent sont cotés au-dessous du pair.

La Banque de Constantinople date de 1872 ; elle peut établir des agences ou succursales partout où elle le jugerait convenable : jusqu’ici elle n’en possède que deux, à Londres et à Paris. Le capital social a été fixé à 25 millions de francs représenté par 100,000 actions de 250 francs seulement, sur lesquelles 150 francs ont été versés. Elle a su se mettre à l’abri de trop grosses avances à faire à l’état : au 31 décembre 1880, le total n’atteignait pas 5 millions de francs, et le règlement de 1881 les couvre presque entièrement. C’est vers l’Egypte que ses opérations ont été les plus actives et les plus fructueuses : elle vit surtout d’opérations d’escompte avec les particuliers et, sans ambitionner de jouer un rôle politique, jouit d’un bon crédit de banquier. Les actionnaires ont touché chaque année des intérêts suffisant, qui, en 1881, se sont élevés à plus de 26 francs, mais ont été réduits à 18 en 1882.

La Société ottomane de change et de crédit a également son siège à Constantinople ; son capital s’élève à 15 millions de francs, dont la moitié versée ; elle est dégagée de tout intérêt avec le gouvernement ottoman ; ses affaires sont réduites, ses bénéfices faibles et son importance modeste.

Sans pousser plus loin l’énumération des sociétés financières qui existent en Turquie, ce qui précède suffira pour faire apprécier le rôle que joue et jouera le capital européen dans la création même des sociétés industrielles qu’il importe tant de développer et quel élément civilisateur il apporte dans l’œuvre de rénovation dont nous suivons les progrès avec la conviction intime d’un succès définitif.