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commission internationale qui représente l’universalité des créanciers de la Turquie.

D’après des évaluations très sérieuses et à la suite des arrangemens intervenus avec les représentans des porteurs des dettes turques, le chiffre entier s’élève à la somme nominale de 106 millions de livres sterling ; au taux actuel, cette dette ne représente pas plus de 550 millions de francs, dont l’intérêt, fixé d’abord à 1 pour 100, s’élèvera jusqu’à 4 pour 100 au fur et à mesure de l’augmentation des recettes ; du 1er janvier 1882 au 1er mars 1883, les revenus des impôts affectés au service de la dette, ainsi qu’il résulte du rapport de la commission européenne, ont dépassé 52 millions de francs. N’oublions pas d’insister sur ce fait regrettable que toutes les recettes concédées par la Turquie à ses créanciers ne sont pas encore versées dans les mains de cette commission, puisque la part contributive due par les provinces détachées de la Turquie lui échappe, et que les puissances intervenant au règlement n’ont pas encore su la déterminer.

Perception plus régulière des impôts, amélioration des produits, égalité dans la répartition, ordre introduit dans les finances publiques, c’est-à-dire progrès de la civilisation en tous genres par l’invasion de nos mœurs européennes, voilà les résultats acquis par ces transactions financières dont les hommes d’affaires proprement dits se sont faits si heureusement les promoteurs.

Nous ne saurions trop faire ressortir le caractère entièrement nouveau et tout particulier de cette immixtion dans les affaires ottomanes. Lorsque, autrefois, on voulait, sous un prétexte ou sous un autre, intervenir auprès de la Porte, on essayait de peser sur elle, de forcer sa volonté ; on lui imposait de gré ou de force des fonctionnaires étrangers, on attentait ainsi à son indépendance. C’est, au contraire, par la persuasion, en se servant de ses nationaux, en gardant son entière liberté, que le gouvernement turc procède aujourd’hui à toutes les réformes qui s’exécutent et dont la Banque ottomane est le principal auteur, à savoir, le relèvement de son crédit et la plus-value des impôts ; la Banque ottomane est une société vraiment indigène en ce sens que ses fonctionnaires relèvent du gouvernement et exécutent ses ordres sans que le moindre désaccord se soit manifesté sur aucun point. La Banque ottomane est incontestablement la plus importante des sociétés qui aient établi leur siège à Constantinople, elle n’est pas la seule, et l’on peut citer encore le Crédit général ottoman, la Banque de Constantinople, une Société ottomane de change et de crédit, etc.

Le Crédit général ottoman a été fondé, en janvier 1869, par M. Tubini, notable banquier à Galata, et par des sociétés étrangères.