pas infliger aux contribuables de nouvelles charges, et, pour mieux encourager le crédit, on menace les rentiers comme les propriétaires. Est-il question des lois militaires, on a toute sorte d’inventions réformatrices qui ne peuvent qu’inquiéter à la fois et l’armée et la société civile, de sorte que, tout compte fait, on ne voit pas bien aujourd’hui en France une classe, une force sociale qui ne soit point menacée.
Ce sont, dira-t-on, les partis extrêmes, les radicaux qui ont ces imaginations, qui font tout le mal avec leurs projets et leurs programmes agitateurs, La chambre ne vote pas tout ce qu’on lui propose. Le gouvernement résiste tant qu’il peut et défend de son mieux les dernières garanties d’un ordre régulier. Le gouvernement, nous le voulons bien, ne rend pas toujours les armes du premier coup. Il n’est pas sans prévoir, par exemple, le danger d’imposer la rente ou de surcharger les contribuables à la veille des élections, et il se rattache provisoirement au système des économies dans le budget. Il a peut-être contribué pour sa part à empêcher la compassion de l’enquête industrielle d’envoyer à Anzin une délégation qui aurait été fort embarrassée de son rôle. Il n’est pas non plus, que nous sachions, partisan de la séparation de l’état et de l’église et il fait ses réserves sur les lois militaires par trop radicales, qu’on propose comme des réformes. Oui, sans doute, le gouvernement a l’air de résister jusqu’à un certain point ; puis, lorsqu’il se sent un peu trop pressé, il cède à demi, quelquefois complètement, de peur de se brouiller avec la chambre, qui se laisse entraîner à son tour, faute de se sentir dirigée. C’est ce qu’on peut appeler le système des résistances et des complicités intermittentes. Il en résulte justement cette situation décousue et incohérente, où l’on n’a, en définitive, ni la méthode sommaire de la violence qui pousse tout à l’extrême, ni la méthode de la politique éclairée et modératrice qui oppose résolument la raison, l’équité, l’intérêt public à toutes les entreprises.
C’est l’équivoque en tout, et le danger de l’équivoque est particulièrement évident quand il s’agit de ces affaires militaires qui étaient discutées hier encore à la chambre des députés, à propos d’une loi sur l’avancement, qui vont reparaître demain au Palais-Bourbon à propos d’une loi nouvelle de recrutement. Que va-t-on faire avec ces lois qui ont la prétention de tout réformer et qui ne réforment rien ? Il faut voir la vérité telle qu’elle est. Depuis plus de dix ans, sans parler de la reconstitution du matériel de guerre et de la construction des forteresses, on demande à la France près de 600 millions par an pour avoir une armée qu’on veut, dit-on, réorganiser aujourd’hui. Si l’on veut avoir réellement une armée, il n’y a point certes, à reculer un instant devant ce qu’elle peut coûter ; mais il faut accepter les conditions d’une vraie réorganisation conforme aux intérêts de la France, inspirée par des