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ÉTUDES DIPLOMATIQUES

LA PREMIÈRE LUTTE DE FRÉDÉRIC II ET MARIE-THÉRÈSE
D’APRÈS DES DOCUMENS NOUVEAUX



VI[1].

REPRISE DES NÉGOCIATIONS DE LA FRANCE AVEC FRÉDÉRIC. — DÉPART DE LOUIS XV POUR L’ARMÉE.


La pensée que Frédéric ne voulait pas laisser pénétrer à Voltaire était, au fond, déjà arrêtée dans son esprit. Deux incidens, survenus pendant qu’il semblait ne s’occuper que de ballets et d’opéras, avaient fixé ses incertitudes, et sa résolution d’agir était prise.

La première de ces causes déterminantes était la conclusion si longtemps attendue, si vivement disputée, mais enfin réalisée, d’un traité d’alliance entre l’Autriche et la Sardaigne, sous la garantie de l’Angleterre. Ce traité venait en effet d’être signé le 13 septembre (pendant le séjour même de Voltaire à Berlin) dans le camp du roi George à Worms, par les plénipotentiaires des trois puissances. L’enchère ouverte par Charles-Emmanuel était close, et le lot de l’alliance piémontaise adjugé à l’Autriche comme au plus offrant des deux compétiteurs.

  1. Voyez la Revue du 1er et du 15 janvier, du 15 février, du 1er mars et du 1er avril.