pour la femme ; non pas que nous lui fassions l’injure de supposer qu’elle nous est inférieure pour l’étude des lettres et des sciences, mais parce que ce serait la faire dévier de sa véritable voie. La femme n’a pas besoin de se perfectionner : elle naît parfaite ; et la science ne lui apprendrait jamais ni la grâce, ni la douceur, ces deux souveraines du foyer domestique qui s’inspirent de la nature.
Ces principes sont essentiels dans les mœurs chinoises, et ce qui les distingue, c’est qu’ils sont appliqués à la lettre, comme une nécessité.
Que la femme ne connaisse pas les antichambres des ministères où l’Européenne se pare de toutes les séductions de son sexe pour charmer la société des hommes, elle n’a pas à le regretter. Sa vie n’a pas d’importance au point de vue politique, et les hommes font seuls leurs affaires. Mais passez le seuil de la maison, vous entrez dans son royaume et elle y gouverne avec une autorité que n’ont certes pas les femmes européennes.
En France, la femme suit la condition de son mari, mais en aucun lieu du monde elle n’est plus soumise au mari. J’ai cru naïvement que ce mot de condition avait une grande étendue, mais je me suis aperçu qu’il fallait étudier le droit pour le connaître, afin de savoir qu’il n’accorde aucun pouvoir à la femme. En se mariant, la femme devient une mineure, une interdite ; elle est en tutelle, et la loi arme le mari contre sa femme de manière à lui enlever même la liberté de disposer de ce qui lui appartient. Voilà des détails de mœurs qui étonneraient… les femmes chinoises ; car la femme chinoise peut remplacer le mari dans toutes les circonstances où il fait acte de maître, et la loi lui reconnaît le pouvoir de vendre et d’acheter, d’aliéner les biens en communauté, de contracter des effets de commerce, de marier ses enfans et de leur accorder des dots qu’il lui plaît de leur donner. En un mot, elle est libre et l’on comprendra d’autant plus facilement qu’il en soit ainsi qu’il n’existe chez nous ni notaires ni avoués, et que par suite il n’a pas été nécessaire de créer des exceptions légales pour pouvoir ensuite s’en débarrasser au moyen d’actes de procédure.
La vie de famille forme la femme chinoise, et elle n’aspire qu’à être une savante dans l’art de gouverner la famille. C’est elle qui dirige l’éducation de ses enfans ; elle se contente de vivre pour les siens, et si le ciel lui a donné un bon mari, elle est certainement la plus heureuse des femmes.
J’ai dit ailleurs que l’éclat des honneurs obtenus par le mari rejaillissait sur elle et que même, par ses enfans, elle pouvait obtenir toutes les satisfactions de la vanité, ces faiblesses du cœur humain excusables sous tous les cieux. Elle a donc un intérêt en se