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lui-même des positions occupées par l’armée péruvienne. Escorté d’un nombreux état-major, il passa d’abord en revue son front de bandière et poussa ensuite sa reconnaissance très près des lignes ennemies. Un de ses officiers lui en faisait l’observation quand des coups de fusil partis des. avants postes péruviens le forcèrent à rétrograder ; Les Chiliens ripostèrent et le feu s’engagea rapidement sur toute la ligne. Le général Baquedano essaya vainement de l’arrêter ; l’artillerie ouvrait le tir ; de part et d’autre, on était convaincu que l’attaque était préméditée ; dans les deux camps, on croyait à une trahison ; la lutte s’engageait, il n’était plus au pouvoir de personne de l’arrêter.

Pierola, suivi de son état-major, monte à cheval pour prendre la direction de ses troupes. Les ministres et les amiraux, exposés aux plus grands dangers, gagnent à pied la campagne et rentrent à Lima, où ils attendent les événemens. A deux heures et demie, la bataille commençait, sur toute la ligne. La division chilienne, commandée par le colonel don Pedro Lagos, aborde la première les redoutes péruviennes ; mais, accueillie par un feu meurtrier, elle ne peut avancer. Les Péruviens sortent des tranchées et l’attaquent à la baïonnette. Les Chiliens plient, la division Lagos est compromise et cède peu à peu sous l’effort de l’ennemi. Baquedano envoie un régiment de cavalerie la soutenir, avec ordre de tenir jusqu’à l’arrivée de la réserve. Malgré ce renfort, malgré sa résistance héroïque, lai division chilienne est entamée, le désordre se met dans ses-rangs, décimés par l’artillerie et menacés de flanc, quand des clameurs bruyantes se font entendre. La division Lynch arrivait au pas de course de Chorrillos, suivie de la ; réserve, sous les ordres de Martinez. Les soldats de Lynch pénètrent comme un boulet dans les bataillons péruviens, les rejettent en désordre sur les tranchées, rallient les troupes de Lagos et s’élancent avec eux, à l’assaut des fortifications ennemies. L’escadre chilienne couvre de son feu les hauteurs. Les lignes péruviennes sont emportées du côté de Miraflorès. Soupçonnant une défense énergique de la ville et une lutte semblable à celle qu’ils ont soutenue la veille dans Chorrillos, les Chiliens incendient Miraflorès et, obliquant sur le centre des lignes péruviennes, les prennent de flanc pendant que la première division les abordait de front.

L’irrésistible élan de la division Lynch triomphe des obstacles. Les Péruviens débandés fuient, poursuivis par deux régimens de cavalerie que le général Baquedano lance sur eux. A six heures du soir, la lutte était terminée ; les Chiliens vainqueurs occupaient les redoutes de Miraflorès et la dernière ligne de défense de Lima. Cette victoire leur coûtait trois mille cent vingt-quatre hommes, tués ou blessés et la mort du général Martinez, tombé à la tête de